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Assises de la forêt et du bois : sept grands défis identifiés

Crédit photo Cheick.Saidou
Le 16 mars, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité Bérangère Abba ont clôturé les Assises de la forêt et du bois. À l’issue de quatre mois de concertation, sept grands défis ont été identifiés dans les conclusions tirées de ces travaux dont l’objectif était de proposer une vision partagée par tous les participants de la forêt française à l’horizon 2030.

En juillet 2021, à l’occasion de l’annonce du redéploiement de 100 millions d'euros en faveur de la filière dans le cadre du plan France Relance, le Premier ministre avait appelé de ses vœux l’organisation d’Assises de la forêt et du bois. Lancées le 19 octobre, elles ont réuni près de 330 participants répartis dans quatre groupes de travail. Parallèlement, les Draaf ont fait parvenir au débat des éléments résultant de consultations des membres des commissions régionales de la forêt et du bois (CRFB) et d’une lecture des Programmes régionaux de la forêt et du bois (PRFB). Lors de la première réunion de chaque groupe, les participants ont été invités à transmettre des contributions rédigées sur la base d’une fiche type fournie par les rapporteurs. In fine, ce sont près de 300 réponses qui ont été reçues. « Les rapporteurs et les présidents ont cherché ensuite à formaliser des propositions, en nombre limité, tout en essayant de tirer parti du plus grand nombre de contributions reçues », mentionne le document de synthèse des travaux des Assises de la forêt et du bois. « Ils ont également privilégié les propositions les plus opérationnelles et celles qui étaient soutenues par un grand nombre d’organisations. […] En prenant en compte les remarques exprimées en séances et celles parvenues par écrit après ces dernières réunions, les rapporteurs et les présidents ont ensuite rédigé le document final synthétisant les débats et les contributions des participants aux Assises ». Ce document identifie sept grands défis à relever : le long terme et une approche systémique et coordonnée du secteur forêt-bois portant sur tous les enjeux ; le dialogue, le partage des enjeux et des objectifs avec la société ; la recherche et le transfert de connaissances vers les gestionnaires forestiers ; la mobilisation et l’accompagnement des propriétaires forestiers publics et privés pour qu’ils s’engagent dans l’action face aux impacts et aux menaces du changement climatique ; la compétitivité d’un tissu industriel français diversifié, apte à répondre aux demandes des marchés en valorisant la ressource nationale ; la contractualisation des approvisionnements et du « faire filière » (agir pour le renforcement durable des liens opérationnels et contractuels entre les maillons de la filière) ; le dialogue forestiers-chasseurs pour résoudre les situations de surpopulation de cervidés.

130 propositions

Au total, environ 130 propositions, dont une quinzaine concernant plus particulièrement les départements d’Outre-mer, ont été retenues par les présidents des groupes de travail. Ils les ont sélectionnées pour leur caractère opérationnel, « immédiatement ou à court terme », en réponse aux grands questionnements de ces Assises et parce qu’elles résumaient « les principales lignes de force issues des travaux ». « Les présidents souhaitent insister sur quelques messages clés qui traversent toutes les propositions », indiquent les rapporteurs des travaux en conclusion du document de synthèse diffusée à l’issue des Assises de la forêt et du bois (1). « L’importance des enjeux, qu’ils soient économiques, environnementaux ou sociaux, qui n’est pas qu’une incantation mais une réalité insuffisamment prise en compte à sa juste valeur : à l’heure de la transition écologique, la forêt et le bois constituent une richesse nationale, un atout sur lequel il faut s’appuyer. La nécessité d’une volonté politique forte pour dépasser le constat des freins et des difficultés et pour passer à l’action, avec des résultats à la clé. La prise en compte du caractère interministériel qui doit se traduire dans les faits et dépasser des approches trop fragmentées et insuffisamment coordonnées. L’ampleur des défis et l’intérêt général qui prévaut à de nombreuses orientations justifient un accompagnement important par les pouvoirs publics : les moyens évalués dans le cadre de ces assises, même en rupture par rapport aux décennies passées, restent néanmoins d’ampleur modeste par rapport à d’autres politiques publiques. Le long terme, inhérent aux cycles biologiques de la forêt, doit se traduire par une vision et une pérennité des mesures donnant de la visibilité aux acteurs. L’ampleur des actions à conduire demande un accompagnement par les services et opérateurs publics avec des moyens en personnels qui doivent s’inscrire à l’opposé de la tendance passée. Enfin, la diversité des forêts françaises et de nos terroirs appelle à des réponses adaptées à chacun de nos territoires : le dialogue avec nos concitoyens, la prise en compte des spécificités et l’implication des acteurs gagnent à s’organiser dans une approche territoriale, en s’appuyant sur les élus locaux ».

Vers une concertation avec les ONG

En conclusion des travaux conduits pendant ces Assises, les présidents des quatre groupes de travail ont par ailleurs indiqué qu’ils accueillaient « très favorablement » la décision commune de l’interprofession France bois forêt (FBF) et de six ONG (2) de travailler ensemble. « Nous avons des objectifs convergents autour d’une vision de long terme de la forêt et des usages du bois », a commenté à ce propos Jean-Michel Servant, le président de FBF. « Le temps de la maturité est venu face aux enjeux auxquels nous avons à faire face collectivement : adapter nos forêts au changement climatique pour en préserver la multifonctionnalité, décarboner l’économie en optimisant et en développant tous les usages du bois, matériau renouvelable exceptionnel et enjeu stratégique de souveraineté. Les conclusions des Assises confortent la trajectoire que nous avions collectivement définie. Il nous faut maintenant poursuivre, et pour cela renforcer et moderniser notre filière bois. La résilience, la décarbonation, la souveraineté et l’unité sont les principes avec lesquels nous devons avancer collectivement pour concrétiser cette ambition. » Pour Frédéric Carteret, président de France bois industries entreprises (FBIE), « les conclusions des Assises portent le message d’un engagement affirmé et cohérent pour accompagner la filière. Les démarches en faveur de la recherche et innovation permettront d’accélérer l’offre sur les nouveaux usages, conquérir les marchés, et mieux valoriser les ressources forestières. La filière industrielle du bois salue particulièrement l’investissement nouveau de 400 millions d’euros pour assurer l’innovation et la compétitivité ainsi que développer une industrie du bois souveraine ».

Globalement, les deux interprofessions nationales ont tenu à saluer des conclusions qui « rejoignent largement la trajectoire collectivement définie par la filière forêt-bois et présentée dans son Manifeste récemment publié ». France bois forêt et FBIE se sont plus particulièrement félicitées de différentes orientations prises citant par exemple « la mise en place d’un fonds d’adaptation stratégique au changement climatique, pérenne et conséquent – 100 à 150 millions d’euros/an jusqu’en 2030 – financé notamment par l’affectation d’une partie du produit des enchères des quotas carbone européens », […] « l’ouverture immédiate d’un soutien à la cogénération industrielle en autoconsommation », […] « l’appui à la modernisation des entreprises de travaux forestiers avec 20 millions d’euros pour réduire la pénibilité et accélérer la numérisation », ou encore « le lancement d’un programme en faveur de la valorisation des essences secondaires. »

Elles ont toutefois tenu à attirer aussi l’attention sur quelques points de vigilance, et notamment différents domaines pour lesquels elles considèrent que d’autres actions devront être amplifiées, comme le renforcement du lien entre la recherche académique ou fondamentale avec les besoins de la filière, le développement de la recherche appliquée, l’intégration des retours de terrain dans la mise en œuvre et le suivi de la feuille de route d’adaptation des forêts au changement climatique, la poursuite des actions de simplification et de baisse des charges en faveur de la compétitivité des entreprises, ou encore la formation et l’attractivité des métiers.

 

(1) Hugues Dollat, Jean-Luc Dunoyer, Michel Hermeline.

(2) France Nature Environnement, WWF, comité français de l’UICN, Ligue pour la protection des oiseaux, Humanité et Biodiversité, Réserves Naturelles de France.

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