«Les outils de manutention en bois occupent une position dominante dans le transport des matières premières et des produits finis au premier niveau de commercialisation, ainsi que pour les livraisons directes de produits en papier et tissu. Même dans le secteur des fruits et légumes, les outils de manutention en bois sont utilisés pour les livraisons au premier niveau de commercialisation», constate l’European pallet association (Epal), association professionnelle qui regroupe les fabricants et les réparateurs de palettes sous licence Epal. «En dépit du ralentissement de l’économie en Europe, le besoin et la demande de palettes Epal ont augmenté en 2019», soulignait le 9 mars 2020 Robert Holliger, président de l’Epal : 96,2 millions d’outils de manutention Epal ont été fabriqués en 2019, et 26,8 millions réparés. Rarement sous les feux de la rampe, ces «outils de manutention en bois» – dont la palette est le principal représentant – se voient avec la succession des crises reconsidérés comme de droit en biens de première nécessité.
L’épidémie de scolyte de l’épicéa a d’abord revalorisé au sein même de la filière ce secteur de la palette qui transforme utilement des bois de deuxième choix – et qui pouvait avoir du mal à s’approvisionner jusque récemment –, quand il a fallu notamment écouler des bois atteints par le bleu, ce champignon aux effets esthétiques désastreux s’il ne met pas en cause la résistance des bois. Puis le Brexit a mis en lumière combien notre économie basée sur les échanges entre pays d’Europe et du monde est aussi basée au sens strict sur la palette… Suite à la mise en place de nouvelles règles douanières entre l’Europe et le Royaume-uni, un problème imprévu est apparu : celui de la circulation des palettes entre le continent et le Royaume-Uni. Les échanges simplifiés hors traitement NIMP 15 pratiqués à l’intérieur de l’Union européenne ne sont plus possibles, ce qui implique que les palettes non traitées vont être bloquées au retour. «Traiter toutes ces palettes d’ici à un an, ce ne sera pas possible, étant donnés les volumes en jeu et les capacités des autoclaves ; et derrière, il y a aussi des coûts supplémentaires», indiquait fin janvier au journal Les Échos le président de la commission «Brexit» de Transport et logistique de France overseas (TLF), l'organisation qui représente les chargeurs.
Et puis est arrivée la grande crise du coronavirus Covid-19. Le coup d’arrêt porté à la circulation des marchandises en général combiné à la nécessité d’approvisionner le pays, à tout le moins en denrées alimentaires et produits de soin, a mis encore une fois les palettes sur le devant de la scène. Ainsi, sous la plume de la Fédération nationale du bois, le 20 mars, qui argue du caractère de première nécessité de la palette (comme de celui des produits papier) pour plaider la continuité de l’activité dans la filière : «Sans palettes bois, la logistique s’arrête et les usines de gel, de masques, de l’agroalimentaire seront bloquées. On ne peut produire de palettes sans récolter de bois, le transporter, le scier,le transformer… autant d’activités irréalisables en télétravail et liées entre elles».
«Le maintien des opérations de transport, de logistique, d’exploitation et de manutention portuaire est absolument stratégique y compris dans sa partie internationale ou intercontinentale», a souligné le ministère de la Transition écologique dès après la décision gouvernementale de mesures de confinement. La disponibilité en palettes bois l’est donc aussi et ces «outils de manutention en bois» prennent place sur le devant de la scène de la filière.
Première Transformation