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Le Laos tente d’endiguer le trafic illégal des bois

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Le fléau de l’exploitation forestière illégale gangrène les forêts du Laos. Pour enrayer le trafic des bois majoritairement destinés à la Chine et au Vietnam, et afin de créer de la valeur ajoutée sur place, le gouvernement a interdit les exportations de grumes et de sciages en 2016. Dans un État où la corruption règne à tous les étages de l’administration, cette décision n’est pas le moindre des défis.


Au Laos, la forêt n’est pas rien. Au sein d’une des dernières nations de la planète sous régime communiste, la manne ligneuse suscite beaucoup de convoitises et l’État s’y intéresse de plus en plus comme une source potentielle de re- venus durables. Toutefois, en dépit des discours officiels rassurants, la déforestation continue de sévir dans un pays où vivent 7 millions d’habitants sur un territoire deux fois moins grand que l’Hexagone.

Pourtant, la région bénéficie de conditions de milieu favorables à la croissance des peuplements forestiers. Une mousson très marquée de mai à octobre alterne avec une saison sèche de novembre à avril, époque propice aux travaux d’exploitation forestière. Les précipitations abondantes (de 1.300 mm/an à 3.700 mm/an) et une température modérément chaude (27 °C en moyenne) stimulent le développement d’une végétation souvent exubérante. À l’origine, celle-ci se distinguait par une forêt dense décidue qui recouvrait encore 70% du Laos au milieu du XXe siècle.

Déforestation rampante

Mais dans ce pays, la forêt paie un lourd tribut à la cupidité humaine. Les chiffres de la déforestation ne sont pas faciles à fournir avec précision, l’endroit restant une des rares contrées au monde gouvernée par un parti communiste unique. En conséquence, faute de contradicteurs à l’intérieur et en raison d’une administration aux ordres, les statistiques livrées par les autorités doivent donc être interprétées avec prudence. Malgré l’opacité des données officielles, l’évidence – résultant de diverses sources concordantes –, d’une grave déforestation s’impose. Dans les années 1990, la forêt colonisait plus des 2/3 de la superficie laotienne. Aujourd’hui, elle ne couvre plus que 40% du territoire. En l’espace d’une trentaine d’années, le pays a perdu l’équivalent du quart de la forêt française.


Comment cela a-t-il pu se faire en si peu de temps ? Les autorités invoquent d’abord les déboisements des communautés villageoises défrichant les forêts pour installer des cultures vivrières sur brûlis. Les besoins en bois de cuisson de populations essentiellement rurales (soit 65% des habitants) pourraient également contribuer à la déforestation, 87% de la récolte officiellement recensée partiraient en bois de feu.


Le fléau de la corruption

Mais la réalité est ailleurs. Le fléau qui frappe la forêt laotienne fait son lit dans la corruption dont se nourrissent les caciques du pouvoir. En 2012, Transparency International classait le Laos comme un des états les plus corrompus au monde (au 160e rang sur 176). En forêt, le trafic illégal des bois régnait sans limites jusqu’au printemps 2016, date à laquelle le nouveau Premier ministre Thongloun Sisoulith a décidé d’interdire les exportations de grumes et de sciages.

D’après EIA (1), 100% des bois récoltés dans certaines provinces du nord et de l’est (Salavan, Sekong...) résultaient de pratiques occultes. Destinés à la Chine et au Vietnam pour 96% des exportations en valeur, ces flux hors la loi de bois de rose et de teck ont explosé à partir de 2010 (voir tableau ci-contre). Alors qu’en 2008, les exportations laotiennes de produits fores- tiers s’établissaient à 44,7 millions de dollars, celles-ci franchissaient la barre des 1 milliard de dollars en 2014. Sous couvert de prête-noms laotiens, des sociétés à capitaux chinois et vietnamiens pillaient les dernières forêts primaires du pays. L’arrivée au pouvoir du nouveau Premier ministre a permis de mesurer l’ampleur de la corruption. Ainsi, en mai 2017 un convoi de 27 grumiers a été saisi dans la province d’Attapeu au passage d’un check- point avec le Vietnam […]

Photo : Sciage à l’huile de coude.

Voir notre édition verte, Le Bois International, Scierie, exploitation forestière N°10…

 

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