Malgré le franc fort qui continue de plomber les exportations de bois en Suisse (1,07 CHF= 1 €), tous les indicateurs pointaient dans le vert à Neuchâtel, le 14 décembre 2016. ForêtNeuchâtel, la nouvelle dénomination de l’Association des propriétaires forestiers de ce canton helvétique limitrophe de l’Hexagone, y organisait la 11e édition de sa «mise» de bois précieux sur parc.
Celle-ci se caractérise par des lots constitués d’une seule essence, jugée de qualité supérieure par les vendeurs (A et B). Les bois, chargeables sur camion, sont présentés sur le site historique de l’Allée des Bourbakis, à proximité des rives du lac de Neuchâtel. Les offres d’achat doivent être envoyées aux organisateurs par soumissions écrites à une date indiquée par ceux-ci. Seuls les propriétaires forestiers assistent, sur place, à la communication des résultats le jour de l’ouverture des plis.
Et si l’on en juge par les prix qu’ont atteints certaines pièces (prix indiqués à port de camion), cette vente de prestige a été un réel succès. Jean Wenger, le président de ForêtNeuchâtel, signale «l’intérêt exceptionnel des acheteurs pour une adjudication où une trentaine de professionnels allemands, français et suisses avaient envoyé des offres.» De fait, le nombre de soumissionnaires a pratiquement doublé sur les trois dernières années avec encore une augmentation des effectifs en 2016 (3 nouveaux acheteurs).
Ce dynamisme s’exprime aussi dans les offres de prix qui accèdent à des niveaux rarement connus en Suisse. Sur 18 essences différentes présentées, 5 ont battu des records de prix. La palme revient à une pièce rarissime de noyer cubant 2,39 m3. Celle-ci a été adjugée au cours moyen de 5.222 CHF/m3, soit environ 12.500 CHF pour l’ensemble d’une bille recueillant 14 offres au total. À noter également, deux pièces d’érable sycomore ondé qui sont partis sur la base de 3.868 CHF/m3 (pour des volumes unitaires de 1,4 m3).
Côté français, 5 acheteurs potentiels s’étant manifestés, 4 obtenaient satisfaction en emportant des lots. «Nous constatons une demande très active de la part de nos clients français, avec des achats très significatifs, notamment sur le chêne.» Nicolas Joss, le chargé d’affaire de ForêtNeuchâtel, constate d’ailleurs que le chêne continue d’être l’essence qui tire le marché vers le haut.
Sur cette essence, la progression des tarifs impressionne en 1 an. «En prix moyens, nous passons de 412 CHF/m3 en 2015 à 518 CHF/m3 en 2016, soit une augmentation de 25%.» D’après Nicolas Joss, cette évolution des cours reflète complétement la situation des marchés du chêne en Europe. Une pièce magnifique de 3,24 m3, ayant suscité 13 offres, s’est commercialisée à 1.769 CHF/m3, une autre de même acabit, totalisant 5,61 m3, s’est vendue 1.666 CHF/m3.
Dans les autres catégories de feuillus, le frêne se maintient à un prix moyen de 136 CHF/m3, pour un maximum à 180 CHF/m3 en qualité A. En revanche, c’est toujours le marasme pour le hêtre qui ne dépasse pas 130 CHF/m3 avec une moyenne poussive à 86 CHF/m3. Les beaux tilleuls se négocient autour de 160 CHF/m3 tandis qu’une pièce d’aulne a été attribuée à 248 CHF/m3.
En résineux, des épicéas de résonance sont partis à 450 CHF/m3 et un gros sapin a même dépassé, de manière surprenante, 330 CHF/m3. Mais c’est surtout le mélèze, pour un maximum enregistré à 888 CHF/m3, qui retenait l’attention des observateurs avec un prix moyen s’établissant à 447 CHF/m3. «La notoriété de notre vente se confirme, elle apporte des satisfactions aux propriétaires forestiers suisses dans un contexte général des marchés des bois défavorables au sein de la Confédération», estime Jean Wenger.
De notre correspondant
Al Arter
