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Aura : en forêts publiques, 5 000 hectares à reconstituer ou conforter

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<p>Dépérissements à Cormaranche-en-Bugey, dans l'Ain.</p>

Crédit photo N. Micoud - ONF
En raison des conséquences induites par le changement climatique, l'ONF estime que 5 000 hectares de forêts publiques sont à reconstituer ou à conforter en Auvergne-Rhône-Alpes. En juin, l'établissement public organisait une tournée dans le département de l'Ain pour présenter ses travaux en cours dans ce domaine et les actions envisagées pour les années à venir.

En Auvergne-Rhône-Alpes, le taux de bois dépérissant (sec) dans les forêts publiques est passé de 11 à 25 % entre 2017 et 2023. "On constate la brutale aggravation de la situation à partir de mars 2019, suivie d'un plateau à un niveau élevé jusqu'à mars 2022, ce qui s'explique par les sécheresses exceptionnelles et répétées de 2018, 2019, 2020", indiquait l'ONF à l'issue d'une tournée organisée en juin en forêt communale de Cormaranche-en-Bugey (Ain). "Une légère décrue apparaît entre mars et décembre 2022, mais elle ne nous ramène pas à la situation d'avant mars 2019, et surtout elle ne prend pas encore en compte les impacts potentiels de l'été 2022 exceptionnellement chaud et sec car la forêt réagit toujours avec un fort délai d'inertie. Le taux élevé de produits accidentels – arbres dont la récolte est déclenchée par leur état sanitaire dégradé ou par la survenue d'un sinistre –, en mars (déjà 25 %) laisse présager une forte aggravation de la situation en 2023. [...] Aux effets directs de la canicule et de la sécheresse s'ajoute l'impact des attaques d'insectes ou de pathogènes induites, notamment la crise liée aux scolytes. Après les trois années 2018, 2019, 2020, environ 5 000 hectares sont à reconstituer ou à conforter, dont environ 2 000 hectares de peuplements considérés comme très vulnérables et 1 100 ha de pessières détruites par les scolytes."

Le sapin montre des signes de dépérissements

Dans le détail, les attaques de scolytes sont bien sûr la cause majeure des dépérissements des épicéas. "L'amélioration de la situation en 2022 est liée aux conséquences positives d'une année pluvieuse en 2021. Néanmoins, après la canicule de l'été 2022 suivie par une sécheresse hivernale marquée, les forestiers constatent une reprise forte de dépérissements liés aux scolytes en 2023 sur les montagnes de l'Ain, les Savoies et la façade ouest de la région. [...] Bien que moins sensible aux attaques d'insectes que l'épicéa, le sapin subit les effets répétés de la sécheresse et de la canicule et montre des signes de dépérissements marqués sur les piémonts de la plupart des massifs de la région – ouest de la Haute-Loire, Jura de l'Ain, monts du Beaujolais, Chartreuse… [...] Il existe également des dépérissements feuillus en extension progressive. Ces dépérissements sont apparus de manière plus tardive et leur impact actuel, comme cumulé, est globalement moindre que pour les résineux. Il reste néanmoins significatif pour des essences comme le hêtre, ou le frêne, et mérite donc d'être suivi de très près dans les années à venir, d'autant que des dépérissements de chênes commencent à apparaître localement."

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<p>Démonstration de l’utilisation d’un drone pour la gestion forestière.</p>
Crédit photo : ONF

Vers une forêt mosaïque

L'ONF établit des projections sous hypothèse à l'horizon 2070 pour tenter d'anticiper les conséquences d'un changement climatique dont il estime la vitesse de déploiement supérieure à la capacité d'adaptation des forêts. Ces scenarios portent sur les essences présentes dans les forêts françaises mais s'intéressent aussi à des choix d'arbres plus méridionaux, notamment dans le cas où ceux en place pourraient devenir inadaptés. Par ailleurs, l'établissement public considère que réussir l'adaptation des forêts au changement climatique passe par le développement d'une forêt dite mosaïque. "L'objectif : renforcer la diversification des essences, y compris par des expérimentations menées dans des îlots d'avenir, varier les structures de peuplements ainsi que les modes de gestion, mais également continuer à associer aux secteurs productifs, des zones en libre évolution – réserve biologique intégrale, îlots de sénescence", précise l'ONF. "Il s'agit ainsi de diversifier la physionomie des territoires forestiers pour favoriser le renouvellement, l'adaptation et le bon fonctionnement de l'écosystème de la forêt, et prendre en compte les avis de la société". 

1 265 hectares de renouvellement

Dans le cadre du volet forestier du plan de relance lancé à l'automne 2020, 255 forêts de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont fait l'objet d'opérations mobilisant 1,4 million de plants pour une surface engagée en renouvellement de 1 265 hectares."Près de la moitié des plantations réalisées avaient pour objectif de reconstituer des peuplements sinistrés, dont 20 % de pessières scolytées et 27 % de peuplements détruits par un autre phénomène : chalarose du frêne, déssechement climatique, tornade… Les autres projets visaient à conforter des peuplements considérés comme vulnérables aux changements climatiques, par introduction en enrichissement et à faible densité d'essences diversifiées et plus adaptées au climat futur. [...] La reconstitution des peuplements détruits sur de grandes surfaces a été réalisée traditionnellement par plantation en plein à forte densité – environ 1 500 plants par hectare –, après récolte des produits encore valorisables – bois d'œuvre, bois d'industrie ou bois-énergie.

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<p>Dans le cadre des mesures du plan de relance dédiées au renouvellement forestier, des opérations ont été menées dans 255 forêts d'Auvergne-Rhône-Alpes.</p>
Crédit photo : ONF

Nouveaux itinéraires de plantation

Les financements du plan de relance ont également permis de tester à grande échelle de nouveaux itinéraires de plantation en enrichissement : il s'agissait d'introduire en mélange avec la régénération naturelle ou dans des trouées ouvertes au sein de peuplements adultes de nouvelles essences ou provenances de plants plus adaptées au climat futur mais néanmoins compatibles avec le climat actuel. [...] Pour rendre les forêts de la région Auvergne-Rhône-Alpes plus résilientes et face aux incertitudes concernant le climat futur, l'ONF mise sur une diversité d'essences de reboisement en s'appuyant sur les connaissances scientifiques et les outils – Clim'essences – mis à disposition par le RMT Aforce, ainsi que l'application mobile For-Eval développée par l'Inrae et l'ONF pour mesurer la sensibilité des sols forestiers. Le forestier guide son choix en prenant en compte le sol, le climat futur, la réserve en eaux, les enjeux de biodiversité."

Sur la période 2020-2023, environ 80 essences forestières et plus de 200 provenances différentes ont été plantées dans les forêts publiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes. "Avec le plan France 2030, des fonds supplémentaires seront débloqués pour garantir la durabilité, la résilience et la capacité de production de la forêt française", précise l'ONF, qui ajoute avoir candidaté à l'appel à manifestation d'intérêt "Agrégateur du renouvellement forestier" organisé par l'Ademe.

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