Les forêts (biomasse plus sol) constituent le plus grand « puits » (1) de carbone terrestre en France, permettant de compenser nos émissions de gaz à effet de serre (2). L’annonce par le Haut Conseil pour le climat dans son rapport annuel 2022 que la capacité de stockage de carbone de la forêt a baissé de 48 % depuis 2010, passant de près de 59 Mt éqCO2 en 2010 à 30 MtéqCO2 en 2020, a donc fait sensation dans le milieu forestier. Cette baisse, confirmée par Antoine Colin, de l’IGN, lors de la Journée bois-énergie du 6 juin dernier est due à plusieurs facteurs : l’accroissement biologique a perdu 10 % du fait des sécheresses et de la crise des scolytes, la mortalité naturelle a augmenté de 50 % et la défoliation de plus de 25 % depuis les années 2000. Les prélèvements ont aussi augmenté, mais essentiellement du fait des récoltes sanitaires, il est important de le préciser (3). Heureusement, la forêt française continue d’augmenter en surface et en volume de bois sur pied (4) malgré cette hausse des prélèvements et la forêt reste encore un puits de carbone, et le premier stock terrestre, a rappelé Antoine Colin. Les autres leviers essentiels de la contribution à la lutte contre le changement climatique de la filière forêt-bois sont la séquestration dans les produits bois de longue durée et la substitution à des matériaux d’origine fossile. Hélas, la capacité de stockage de carbone des produits bois a elle aussi diminué, de 76 % entre 2010 et 2020 (5), du fait des importations de produits bois transformés. Un domaine où la marge de manœuvre est claire…
(1) La forêt absorbe du gaz carbonique par la photosynthèse pour former le bois et en émet lors de la respiration ou quand le bois pourrit. On parle de « puits » pour cette absorption de CO2 supérieure aux émissions, et de stock pour la quantité totale de carbone piégé dans le bois.
(2) Celles-ci sont globalement en baisse, selon les données publiées le 5 juin par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) : Après une baisse massive en 2020 (− 9,0 %), et un rebond partiel en 2021 (+ 5,7 %), les émissions d’équivalent CO2 sont reparties à la baisse en 2022 (- 2,7 %).
(3) En 2021, 10,2 % de la récolte était d’origine accidentelle ou sanitaire, dans une récolte en augmentation de 8,9 % (source Agreste). La récolte reste inférieure à l’accroissement biologique, mais est passée de 55 % à 65 %.
(4) Entre 1985 et 2018, le stock est passé de 137 m3/ha à 174 m3/ha en moyenne (source : Analyse de risque France relative aux critères de durabilité de la directive européenne RED II, accessible sur le site www.agriculture.gouv.fr).
(5) Les produits bois ne contribuent au stockage annuel du carbone qu’à hauteur de 0,8 Mt éqCO2 en 2020 contre 3,4 Mt éqCO2 en 2010, soit -76 % (source : Rapport 2022 du Haut Conseil pour le climat).
