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5es Rencontres nationales des territoires forestiers

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Du 1er au 3 février, la Fédération nationale des communes forestières (Fncofor) organisait à Montrond-les-Bains, dans la Loire, la 5e édition de ses Rencontres nationales des territoires forestiers. Ces trois jours auront permis aux participants d’échanger et de confronter leurs expériences pour définir leur vision de l’avenir de la valorisation de la forêt dans les territoires, avec en perspective l’écriture de l’acte II des chartes forestières.

«Les territoires ne se suffisent plus à eux même et au contraire leurs limites s’estompent dans le flux toujours croissants de biens, de services et de personnes. Le problème de l’échelle de pertinence se pose. Elle n’est plus unique, nous devons intégrer ces évolutions et adapter nos outils. Ensemble inventons l’avenir, réfléchissons à l’acte II des chartes, autrement dit à la politique forestière territoriale 2.0», lançait le président de la Fncofor Dominique Jarlier en ouverture des 5es Rencontres nationales des territoires forestiers.

Quid de la participation citoyenne ?

Ces rencontres avaient notamment pour objectif de permettre aux participants de s’interroger sur l’évolution du niveau d’exigence démocratique à intégrer aux chartes forestières de deuxième génération. «Aujourd’hui, la demande de participation citoyenne et le regard posé sur la forêt par une population plus urbaine nécessite un mode de consultation un peu plus avancé. Désormais, les publics de la médiation ne se superposent plus à l’échelle des territoires», expliquait Dominique Jarlier. «Les politiques forestières territoriales sont nées à l’aube du XXIe siècle dans le grand mouvement de décentralisation et elles ont notamment permis le développement des chartes forestières de territoires. Elles ont su répondre aux demandes des élus, des acteurs de la filière et de la société civile. Cet outil issu de la Loi d’orientation forestière de 2001 permet à chaque territoire de donner corps à la politique forestière nationale. Cependant le monde change, de nombreuses politiques publiques interfèrent sur le secteur forestier. La question de l’exercice de la démocratie se pose dès lors qu’on parle de forêt. Cette forêt que personne ne voit mais qui est présente partout.»

Pour la Fncofor, les chartes forestières de deuxième génération doivent donc pouvoir continuer de jouer pleinement leurs rôles de catalyseur du développement économique de la forêt. «La charte forestière, c’est une méthode de rencontre portée par un élu pour mettre en place des actions en concertation avec la population», expliquait Alain Lesturgez, directeur général de la Fncofor. «À l’origine, les chartes ont été développées pour définir ce qu’on voulait faire de la forêt. Désormais, l’objectif est de remettre de l’économie dans la multifonctionnalité et de mettre de la valeur ajoutée dans les territoires.»

Encourager le partenariat public-privé

Dans ce contexte, la Fncofor a souligné que les innovations techniques, technologiques, organisationnelles et fonctionnelles devaient permettre d’initier de nouvelles démarches telles que la massification public-privé des bois. Invité à s’exprimer dans le cadre de ces 5es Rencontres nationales des territoires forestiers, Véronique Borzeix, sous-directrice des filières forêt-bois, cheval et bioéconomie au ministère de l’Agriculture, a rappelé qu’il était important désormais d’encourager des programmes de coopération qui permettent de faire interagir forêts publiques et forêts privées. «À l’image du Programme national de la forêt et du bois (PNFB), il faut que les forêts publiques et les forêts privées travaillent ensemble», a rappelé la représentante du Maaf. «Aujourd’hui, il faut penser différemment la forêt et innover dans la façon de penser. Par exemple, ne plus penser nature du propriétaire de la forêt, qu’il soit public ou privé, mais penser massif et bassin d’approvisionnement comme cela existe dans d’autres secteurs d’activité, notamment dans l’agriculture».

Pour illustrer ces propos, Lionel Piet, directeur général de la coopérative Coforet, donnait l’exemple du projet Symbiose (Lire par ailleurs : «Auvergne-Rhône-Alpes / Signature d’une convention de partenariat pour l’exploitation des bois publics-privés», dans Le Bois International n° 36 des 22 et 29 octobre 2016) en région Rhône-Alpes, issu d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par l’Ademe en 2015. Dans ce cadre, l’Union régionale des associations de communes forestières de Rhône-Alpes, la coopérative forestière Coforet, l’ONF, la chambre d’agriculture de Rhône-Alpes, la Safer, la communauté de communes du Grésivaudan et huit autres partenaires, ont pu élaborer une réponse commune afin d’accroître la valorisation de la ressource forestière à l’échelle de leur région. Deux axes principaux structurent cette démarche : l’un concerne le foncier forestier et l’autre le regroupement de l’exploitation et de la commercialisation des bois en forêts publiques et privées. «Ce projet nous a permis de mettre en œuvre des axes d’actions entre public et privé que l’on n’avait pas jusqu’ici, avec en point de mire l’objectif économique de mobiliser plus et mieux», a expliqué Lionel Piet. «La filière est plutôt organisée de manière verticale et elle doit absolument s’ancrer dans les territoires. Dans le projet Symbiose, les communes forestières sont le coordinateur. […] Pour réussir à sortir du bois constamment, avec des cadencements qui permettent à la filière de vivre correctement, il faut regrouper la forêt. Il ne faut pas seulement la regrouper au niveau privé, mais aussi en faisant travailler ensemble forêt publique et forêt privée. Cela permet de réaliser des économies d’échelle en opérant sur un territoire de manière coordonnée et cohérente. Cela donne aussi aux ETF une vision sur leur plan de charge, et permet de faire une offre adaptée aux clients pour valoriser au mieux les diverses qualités de bois qui peuvent sortir d’une forêt.»

Quelles échelles d’intervention ?

Ces 5es Rencontres nationales des territoires forestiers furent aussi l’occasion de questionner le lien entre les territoires urbains et ruraux, et plus globalement l’échelle territoriale à considérer dans le cadre de la réflexion devant conduire à la rédaction des chartes forestières de deuxième génération. «Une agglomération comme Montpellier est en interaction forte sur la notion du risque avec les forêts jusqu’à l’Aigoual. Il nous faut recréer du lien entre urbain et rural», expliquait Françoise Alric, directrice adjointe de la Fncofor. Avec la modification des périmètres des collectivités, le contexte territorial a fortement évolué.

Si ces rencontres nationales des territoires forestiers se sont appliquées à montrer que la pédagogie à destination des populations était importante, elles ont également voulu mettre en lumière l’importance du rôle des élus pour sensibiliser à la diversité des usages des forêts.

«Il est aussi important d’aller chercher l’expertise des élus, sans décourager les candidats à l’élection», soulignait Dominique Jarlier. «Dans ces concertations, l’élu républicain a un rôle de médiateur car il est porteur de l’intérêt général. Par ailleurs, le développement de l’acte 2 des chartes forestières doit aussi permettre de prendre en compte l’importance du renouvellement des élus, notamment des élus municipaux», poursuivait Françoise Alric. «Il nous faut aller travailler vers la planification et l’urbanisme. Il nous faut aussi travailler en direction des politiques climatiques, sur la transition énergétique, sinon les politiques climatiques travaillerons la question forêt et bois sans nous. Globalement, l’objectif est de réfléchir sur nos interactions avec les grandes politiques publiques dans le cadre de ces chartes de deuxième génération pour amener un outil d’aide à la décision des élus».

«La question de la démocratie locale est un élément d’appropriation par les usagers et celle de l’échelle territoriale un élément de la pertinence du rôle de l’élu», résumait Dominique Jarlier, président de la Fncofor.

Au total, 180 participants – élus, chargés de mission, experts, entrepreneurs, associations, représentants de l’Etat, élèves du lycée forestier de Noirétable –, auront pu échanger durant trois jours dans le cadre de ces Rencontres nationales des territoires forestiers organisées dans la Loire, pour partager leurs expériences et réfléchir à la place de la forêt et du bois dans les territoires.

Sylvain Devun

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