Chaque semestre, dans le cadre de l’Observatoire économique de France bois forêt, les Experts forestiers de France (EFF) diffusent une analyse des transactions enregistrées lors de leurs ventes groupées. Au second semestre 2023, le volume de bois d’œuvre mis en vente par les Experts a été parmi les plus bas depuis dix ans (693 000 m³). « La baisse de volume feuillu mobilisé en ce deuxième semestre est le fait du peuplier, dont l’offre est divisée de moitié par rapport au second semestre 2022. Pour toutes les autres essences feuillues, la mobilisation est stable, voire en légère augmentation pour le chêne », commentent les EFF. « Après un très net recul des volumes de douglas mobilisés au 2e semestre 2022 et au 1er semestre 2023 (à peine au-dessus de 100 000 m³), la perspective d’une reprise de la demande sur cette essence a dopé l’offre pour atteindre plus de 170 000 m³. Ce niveau reste cependant très en deçà de celui enregistré depuis 2015. »
Contraction de la demande
Côté marché, les Experts forestiers de France ont constaté une contraction de la demande au second semestre 2023. « La tendance baissière du marché du bois se confirme, avec un nombre moyen de soumissions par lot identique au semestre précédent (2022-2), là encore parmi les plus faibles depuis 10 ans. […] Cette tendance se confirme avec le taux de volume vendu en séance qui chute à 79 % contre 89 % au 1er semestre 2023 et 84 % au second semestre 2022. […] Ce repli affecte quasi uniquement les feuillus qui passent de 90 % à 77 % d’un semestre à l’autre. Il touche principalement le chêne, le hêtre, les feuillus divers et dans une moindre mesure le peuplier. Les résineux restent à un taux de 81 % avec une relative stabilité pour la majorité des essences, à l’exception des pins sylvestre et maritime et du sapin pectiné. »
Le chêne baisse
Dans le détail, 22 % des volumes de chêne mis sur le marché au second semestre 2023 par les EFF étaient labellisés UE. Ce chiffre s’élève à 21 % du volume pour l’ensemble de l’année 2023. « Assiste-t-on à un coup d’arrêt dans la commercialisation de la ressource de chêne français, ou à une correction après les années fastes enregistrées depuis 2016, l’avenir nous le dira. Le constat est sans appel fin 2023. La demande se rétracte très fortement. »
Sur cette essence, les lots présentés lors des ventes EFF au second semestre 2023 ont reçu en moyenne 4,29 offres. Il s’agit du niveau le plus faible constaté depuis 10 ans par le syndicat professionnel. Celui-ci observe que les prix moyens du chêne reculent depuis trois semestres consécutifs et sont revenus aux niveaux de ceux constatés au second semestre 2021. Une baisse de 10 % environ pour les bois de moins d’1,5 m³ comme pour ceux de plus d’1,5 m³. « Cette conjoncture est le fait : des besoins faibles sur les qualités secondaires et moyennes (charpentes, avivés, parquets), conséquence d’une demande atone du marché de la consommation et du logement ; et de très peu de concurrence pour l’export tant en bois bruts qu’en bois transformés. Seules les qualités merrains suscitent toujours une très vive concurrence et des prix soutenus. »
Avec une moyenne de 4,4 offres/lots sur les derniers semestres 2021, 2022 et 2023, le marché du hêtre connaît quant à lui des évolutions contrastées d’après les conclusions des EFF. « Une proportion de volume vendu en séance qui tombe à 78 %, parmi les plus bas depuis 2013. Et un prix moyen des gros bois en forte hausse (+30 %) à relativiser cependant du fait d’un volume analysé inférieur à 5 000 m³. Cette augmentation confirme cependant la tendance observée depuis 2021, qui malgré la fluctuation du marché du bois, traduit une attractivité grandissante du hêtre. »
Concernant les autres essences feuillues, la campagne de ventes des EFF au second semestre 2023 a été marquée par une nette augmentation des prix de vente du frêne qui ont dépassé le seuil de 180 €/m³ pour des bois de volume unitaire moyen supérieur à 1 m³. « Record absolu pour cette essence depuis l’origine des statistiques en 2001 », commente le syndicat professionnel. Pour le peuplier, les prix semblent se stabiliser un peu en dessous de la barre des 60 €/m³. « Les signaux positifs constatés début 2023 et fin 2022, quant à l’augmentation des cours du peuplier, ont été insuffisants pour générer la mobilisation de volumes importants avec seulement 22 000 m³. Ce semestre est le plus bas niveau enregistré depuis 2010. »
Épicéa/sapin : les prix se stabilisent
Côté résineux, les volumes de douglas proposés à la vente sont repartis à la hausse même s’ils restent à des niveaux bien inférieurs à ceux enregistrés pour la période 2015-2021. « Les stocks importants accumulés en scierie entre fin 2020 et début 2022 commencent à se réduire », indiquent les EFF.
« Les propriétaires ont repris la mobilisation de volume de douglas en ce second semestre avec plus de 170 000 m³ offerts, contre un peu plus de 100 000 m³ pour les deux semestres précédents. […] Pour autant, la demande ne s’est pas affermie avec toujours moins de 4 offres/lot (3,77) et 75 % de volume vendu en séance. […] Même si les cours sont contrastés selon les régions, la moyenne statistique nationale, affiche une légère baisse pour les bois moyens et un léger rebond des gros bois (> 1,5 m³). […] Globalement, le douglas reste une essence attractive, et il y a fort à parier que, une fois la mauvaise conjoncture actuelle passée, les cours reprendront une progression ascendante plus marquée que celle des 10 dernières années. »
Pour l’épicéa commun, l’analyse des EFF montre que les prix se sont stabilisés autour de 60 €/m³ pour les bois de plus d’1 m³. « La raréfaction de la ressource a un impact positif sur la demande : le nombre de soumissions par lot reste supérieur à 4 tout comme les années précédentes ; la proportion de volume vendu en séance reste supérieure à 90 % », soulignent les Experts.
Maintien des prix également pour l’épicéa de Sitka, dont les bois se sont négociés autour de 60 €/m³, quel que soit le volume unitaire. « Depuis 2021, la mobilisation d’épicéa de Sitka ne cesse de s’infléchir avec moins de 70 000 m³ sur l’ensemble de l’année 2023 », nuance toutefois l’organisation professionnelle. « Tout comme l’épicéa commun, le Sitka conserve une bonne attractivité puisqu’il a reçu plus de 5 soumissions par lot, dans la moyenne des dernières années. Cette tendance se confirme avec la proportion de volume vendu en séance qui atteint 93 %. »
Avec moins de 3 soumissions/lot (2,58) et seulement 63 % du volume trouvant preneurs en séance, le sapin pectiné a semblé en revanche faire de moins en moins recette. « Avec près de 37 000 m³ mobilisés sur le second semestre 2023 dont 28 % sur l’Alsace Lorraine, l’offre diminue de 15 % par rapport au 2e semestre 2022. […] Les prix quant à eux sont stables depuis le 2e semestre 2022, s’établissant juste en dessous de 50 €/m³, retrouvant un niveau moyen depuis 2016. »
Pour le pin maritime, les EFF observent une stabilisation de la demande au cours des trois derniers semestres, mais un recul des prix avec un cours oscillant entre 40 et 45 €/m³ pour les bois de volume unitaire inférieur à 1,5 m³. Les gros bois se sont maintenus à 55 €/m³.
Les Experts forestiers de France soulignent par ailleurs que la demande est restée ferme pour le pin Laricio de Corse, dernière essence analysée dans le cadre de cette campagne de ventes (3,67 soumissions/lot et 94 % du volume en séance). Le cours des prix enregistrés pour cette essence se situe quant à lui entre 35 et 40 €/m³.
Source : résultats et commentaires des ventes groupées des coupes de bois des Experts forestiers de France au second semestre 2023.
