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Prix du bois d’œuvre en Amérique du Nord : nouvelle manifestation de volatilité

Graphique Forest2Market

Crédit photo Forest2Market
Les prix du bois d’œuvre aux États-Unis, qui avaient chuté en juillet (après la hausse record de mi-mai) sont restés stables jusqu’en septembre où ils ont ré-entamé une hausse. Celle-ci a duré 8 semaines, et vient de s’achever : un phénomène que les analystes spécialisés aimeraient bien comprendre pour anticiper la suite...

Le consultant spécialisé Forest2market, qui fournit à ses clients « des données transactionnelles détaillées, des références de coûts et des analyses approfondies aux participants de la chaîne d'approvisionnement des matières premières bois » a affiché son inquiétude sur la volatilité des prix du bois aux États-Unis. À la source, un fléchissement des cours du bois cette fin novembre. « Après avoir atteint un sommet de 1.200 $/MBF* à la mi-mai, les prix du bois d'œuvre résineux en Amérique du Nord ont rapidement reculé. Au cours des huit semaines suivantes, les prix du bois d'œuvre fini de pin jaune du Sud (SYP) ont chuté de 66 % avant de toucher un creux à la fin juillet ; les prix sont restés en grande partie stables pour le reste de l'été. Mais à la mi-septembre, le marché a commencé à grimper sur une base hebdomadaire, une tendance qui a duré huit semaines consécutives alors que les prix du bois d'œuvre ont bondi de 58 % par rapport au creux. Contrairement à la forte augmentation des prix d'une semaine à l'autre qui s'est développée au 4T2020, les prix du bois d'œuvre se sont fortement inversés à la mi-novembre. Le prix du bois composite SYP de Forest2Market pour la semaine se terminant le 19 novembre (semaine 46) était de 589 $/MBF, une baisse de près de 10 % par rapport à seulement deux semaines auparavant ».

Jeu prolongé

Le graphique produit par Forest2Market permet de visualiser la volatilité du marché du bois d’œuvre qui s’est instaurée depuis 2020. Quand les courbes 2017, 2018 et 2019 se superposaient quasiment, celles de 2020 et 2021 sont chaotiques. Pour le cabinet de conseillers, un casse-tête : comment savoir si les prix reflètent une stabilisation et un retour progressif à des prix plus courants ou s'il s’agit d'une baisse temporaire ? Pour lui ce jeu prolongé entre les producteurs et les acheteurs de bois d'œuvre est une impasse et « quelque chose doit finalement céder ».
Le marché du bois ne manque pas de susciter les tentatives de rationalisation et le jeu prolongé évoqué par Forest2Market avait été décrypté le 21 octobre 2021 (avant la baisse de novembre donc) par le magazine Fortune, qui n’hésitait pas à parler de bulle du bois d’œuvre.
« Des considérations économiques simples ont fait éclater la bulle du bois : une fois que les prix du bois ont augmenté de 300 % au-dessus de leurs niveaux d'avant la pandémie , les acheteurs ont refusé d'acheter. Mais alors que les prix ont commencé à chuter cet été, les acheteurs ne se sont pas précipités. [...] Cependant, une fois les prix bas cet été, les acheteurs sont finalement revenus ». Cette demande refoulée revenue sur le marché contribuerait à faire grimper les prix, selon Fortune. 
Fortune a émis une hypothèse complémentaire concernant l’offre : « Les choses sont rapidement passées d'une pénurie historique de bois d'œuvre à une surabondance de l'offre cet été une fois que les acheteurs se sont retirés. Bien sûr, revenir à des niveaux d'approvisionnement plus serrés est dans le meilleur intérêt financier des scieries. (Au plus fort de la bulle du bois, les bénéfices combinés des cinq plus grands producteurs de bois cotés en bourse ont augmenté de plus de 2.000 %.) C'est exactement ce qui s'est passé : face à une surabondance de l'offre, associée à une mauvaise saison des feux de forêt, de nombreuses scieries ont réduit leur production au cours des derniers mois . Ce resserrement de l'offre contribue également à exercer une pression à la hausse sur les prix ».

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Graphique Fortune

Crédit photo : Fortune

Qu’augure la baisse récente des cours ?

Mais voilà que les prix baissent, ce qui interroge Forest2Market. Le consultant indique que si les ventes de logements restent fortes malgré la hausse des prix, des signes indiquent le marché est en passe de changer. « Après avoir atteint un creux pendant le pic des fermetures pandémiques en avril 2020, les mises en chantier de logements unifamiliaux (qui nécessitent le plus de bois) ont rebondi rapidement avant de culminer en décembre. Depuis, toutefois, les mises en chantier de maisons unifamiliales suivent une tendance à la baisse constante ».
D’autres facteurs pourraient influencer les prix du bois d’œuvre en Amérique du Nord selon lui : pénuries de tous les matériaux de construction et de la main-d'œuvre, problèmes de chaîne d'approvisionnement et pressions inflationnistes. Une disposition dans le projet de loi de réconciliation budgétaire actuellement examiné par le Congrès (imposition plus forte des bénéfices d'exploitation immobiliers et des plus-values immobilières et mesures afin de réduire la dépréciation des intérêts hypothécaires) pourrait par ailleurs influencer négativement les investissements immobiliers et limiter la construction de nouvelles maisons – et la demande de bois d'œuvre – à court terme. « À plus long terme, ces développements pourraient entraver le marché immobilier plus vaste et, comme nous le savons depuis la Grande Récession de 2008, la vente forcée sur les marchés immobiliers crée également des ravages sur les marchés financiers. »
Autre sujet : les droits de douane de près de 18% sur le bois d'œuvre résineux importé du Canada, soit le double du taux précédent de 9%, que veut mettre en œuvre le département américain du Commerce, ce qui pourrait entraîner des prix des logements neufs encore plus élevés (le prix médian de vente d'une maison neuve en octobre a augmenté de +18,7 % en glissement mensuel pour atteindre un nouveau record de 408.800 $).
« Je ne pense pas que nous assisterons à une répétition de la hausse des prix du bois qui s'est développée au 4T2020. Mais au cours des prochains mois, je pense que les prix du bois d'œuvre continueront de montrer une certaine volatilité autour d'un nouveau prix plancher qui est maintenant au-dessus de la barre des 500 $/MBF », conclut le consultant Forest2Market. 
Que les spécialistes aient du mal à s’y retrouver et à formuler des prédictions est peut-être en soi un signe que la volatilité n’est pas prête de retomber, sauf si... « quelque chose cède ».

* Unité de mesure américaine correspondant à 1.000 pieds-planche de bois. Un pied-planche de bois fait 1 pied carré et 1 pouce d’épaisseur.

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