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Vassili Doukouatchev : l'inventeur de la pédologie

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« Le sol est plus cher que l'or »

Le présent article résume la vie d’un homme exceptionnel qui a inventé une discipline du savoir. Pour rendre compte de cette riche vie, à la fois pratique et théorique, nous allons procéder en deux parties. La première parlera des grandes actions de l’homme. La seconde sera un examen plus détaillé de son œuvre, en fonction des étapes de sa vie. L’article sera complété de la liste des ouvrages (1).

Introduction

L’homme depuis les débuts de l’agriculture, se préoccupe des sols qui servent de support à sa production alimentaire végétale.

En 1883, Vassili Dokouchaev, le grand naturaliste russe, professeur de minéralogie et de géologie, l’un des précurseurs de l’écologie, allait fonder une nouvelle science, la potchvovedenie (Pédologie en russe).

Prenant comme base de son concept scientifique l’un des mots-clés de la culture russe – le mot potchva (sol en russe) –, il a créé une nouvelle science qui n’existait pas dans le monde avant lui. (On notera que le mot potchva a une signification particulière pour la culture russe : il a un sens littéral bien connu (« couche supérieure de la croûte terrestre ») et des significations figuratives comme « fondation, support ».

Pour V. Dokouchaev, le mot « sol » est un terme derrière lequel se cache un concept scientifique, différent de la conscience ordinaire.

« Par sol, on entend les horizons extérieurs des roches naturellement modifiés par l’influence mutuelle de l’eau, de l’air et des organismes vivants et morts » ; et aussi « le sol est un corps naturel indépendant et variant ».

Ayant enrichi la pensée scientifique dès son époque, Vassili Dokouchaev a enrichi la culture dans son ensemble. En effet il a inventé des symboles spéciaux « sol-corps », « nature-maison » ; de même que le concept de relation de parité « homme-nature » et leur unité, qui est devenu une hypothèse scientifique de base.

Il est né le 1er mars 1846 dans un petit village, Miloukovo, dans la province de Smolensk, à 400 km à l’ouest de Moscou dans la famille d’un prêtre orthodoxe.

Il meurt le 26 octobre 1903 après une longue maladie. Il est enterré aux côtés de son épouse Anna Egorovna Dokouchaeva à Saint-Pétersbourg dans le cimetière luthérien de Smolensk.

Grandes actions

1/ Le tchernozem russe 1876-1881

Il convient de dire d’abord que le mot tchernozem vient de deux mots : « Tchern » (noir en russe) et « zemlia » (terre en russe).

Or donc, Vassili Vassilievich Dokouchaev, en 1876, a organisé une commission spéciale pour développer de nouvelles études sur le tchernozem russe.

La commission comprenait D.I. Mendeleïev, A.M. Butlerov, M.N. Bogdanov, A.A. Inostrantcev et V. Dokouchaev, à qui il a été confié la préparation du programme de recherche de la commission, et puis sa mise en œuvre.

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Carte des sols de la zone du tchernozème de la Russie dressée par V. Dokouchaev.
Crédit photo :

Pendant les mois d’été de 1877 à 1881, V. V. Dokouchaev a voyagé à travers la zone du tchernozème de la Russie d’Europe (la longueur totale de la route est de plus de 10 000 km).

Ont été effectuées la description des affleurements géologiques et des coupes de sol ; ainsi que des analyses en laboratoire d’échantillons.

À ces travaux ont participé K. Schmidt, D. I. Mendeleev et des étudiants de l’Université de Saint-Pétersbourg et d’autres.

Voici ce que V. V. Dokouchaev écrit.

« Toute l’importance de la Carte des sols de la zone du tchernozème de la Russie se résume sans contredit dans les zones izohumiques (ayant la même teneur en humus) et sur lesquelles se répartit tout notre domaine du tchernozème. Comme on le voit, d’après la carte, au milieu des zones du tchernozème de l’est et du centre se trouve la région contenant en moyenne 13 % à 16 % d’humus ; dans la zone de l’ouest nous ne rencontrons plus de semblables tchernozems.

Au nord, au sud et à l'ouest de la zone susdite s’étendent les sols du tchernozem avec une teneur d’humus de 10 % à 13 % ; ces sols ne parviennent pas jusqu’à la zone ouest du tchernozem de la Russie.

Encore plus au nord, plus au sud et plus à l’ouest nous voyons des régions avec la même teneur en humus, jusqu’à ce que nous arrivions au domaine des sols gris-clair (au nord) et des sols bruns et brun-clair (au sud et au sud-est).

Il est très instructif d’observer que si l’on avance encore au sud, ou si l’on remonte du Sivach et de la Manitch vers les steppes situées en deçà des montagnes de la Crimée et du Caucase, on voit réapparaître le tchernozem ; on rencontre là des régions avec la même teneur en humus. Telles sont les lois principales de la répartition géographique des sols russes, en général, et du tchernozème en particulier.

Et s’il en est ainsi, nous avons le droit de nous attendre à y rencontrer des zones du règne végétal et animal strictement définies et génétiquement liées avec les sols.

Or, la régularité, l’ensemble des lois dont nous venons de parler dans la répartition des sols ont non seulement un haut intérêt scientifique, une grande importance pour le géologue, le physico-géographe, le biologiste et le climatologue, mais encore ces mêmes lois et ce démembrement parfaitement régulier de l’Europe orientale en zones pédologiques caractérisées par leurs terres végétales ont une énorme signification pratique.

Il est clair comme le jour que le caractère de la culture agricole, les moyens de labourer le sol, les plantes cultivées agricoles, différentes espèces d’engrais et en général, tout le système de culture doit éminemment varier dans les zones séparées de la Russie et être sévèrement adopté aux conditions naturelles de ses différentes régions physico-géographiques ».

2/ Le musée des sols 1904

Depuis 1879, V. Dokouchaev a régulièrement soulevé la question de la nécessité de prendre des mesures pour élever la science nationale des sols et de créer un musée des sciences des sols en Russie.

Il n’a été possible de réaliser ce rêve qu’après sa mort grâce aux efforts de son proche élève P.V. Ototsky.

L’ouverture officielle du musée pédologique a eu lieu le 6 novembre 1904 à Saint-Pétersbourg. Ce musée a reçu le nom de V. Dokouchaev.

La base de l’exposition était une collection d’échantillons des sols et de monolithes, collectés par V. Dokouchaev et ses étudiants dans des expéditions et exposés à diverses expositions, à partir des années 1870.

3/ Recherches à Nijny Novgorod, Poltava, Caucase

• 3-1. Nijny Novgorod

En 1882, la province de Nijny Novgorod fit appel à V. Dokouchaev avec une proposition de prendre en charge la détermination de la qualité des sols dans toute la province avec la désignation exacte de leurs limites.

Dokouchaev organisa l’expédition de Nijny Novgorod. Pour les travaux, il a associé ses élèves, les étudiants des derniers cours : N.M. Sibirtsev, P. A. Zemyatchensky, A. R. Ferkhmin et d’autres.

Tout ce monde a achevé le travail en six ans. Cela a abouti à 14 numéros de « Matériaux pour l’appréciation des terres du gouvernement de Nijniy-Novgorod » (un pour chaque district de la province), avec une carte des sols et une carte géologique.

Au cours de cette expédition, une méthodologie a été créée pour dresser des cartes des sols, élaborer une classification génétique des sols avec quatre grandes classes de sols terrestres-végétatifs, terrestres-marécageux, marécageux et des sols d’alluvions, la méthode de bonification des sols a été améliorée ; le concept Dokouchaev de science génétique des sols a été testé et étendu aux sols nordiques.

« Il a été expliqué dans le Ier volume des “Matériaux pour l’appréciation des terres de Nijniy-Novgorod" tout au commencement des recherches détaillées pour le susdit gouvernement, qu’il a été décidé (1881) de diviser toute l’entreprise de l’appréciation des terres en 2 catégories : A) Histoire naturelle, B) Agriculture et Économie.

La carte elle-même, ainsi que ses appendices : a) “Classification des sols du gouvernement. de Nijniy-Novgorod" ; et b) “Représentation graphique du caractère chimique, physique et géologique des sols, qui montrent clairement que la couleur, l’épaisseur, le rapport avec les sous-sols, la capacité absorptive, la composition chimique et physique des sols de Nijniy-Novgorod varient essentiellement dans les différents types.

Or, nous savons (voir ma brochure sur l’appréciation normale des sols) qu’une masse des données est en rapport continuel, génétique, et de plus étroit avec tel ou tel caractère des sols locaux. Ces données sont : a) espèces diverses de plantes cultivées (et non cultivées) croissant çà et là, ; b) abondance des récoltes d’après le volume et le poids ; c) qualités des céréales (seigle, avoine, froment etc.) ; d) valeur de la culture du terrain ; e) valeur et durée de l’action de l’engrais, densité de la population (en ce qui concerne la Russie.

Enfin, d’une grande quantité de facteurs étroitement liés aux sols et des plus importants – dépendent, g) l’affermage des terres de compte à demi et h) le prix du bail, et par conséquent i) le revenu et k) la valeur des terrains.

Peut-on prendre pour base quelque chose de plus simple, de plus légal et en même temps de plus sûr, que ce caractère naturel des sols d’après lequel on devrait déterminer toute l’appréciation économique et agricole des terres labourées ? »

En 1896 à l’exposition panrusse de Nijny Novgorod, V. Dokouchaev, avec l’aide d’étudiants, organisa deux expositions : la Collection du professeur Dokouchaev et de ses étudiants et la Collection de l’expédition spéciale du Département des forêts.

Il y était démontré : des échantillons des sols, des cartes, des profils des sols, des photographies de paysages, des méthodes de laboratoire et de terrain de recherche sur les sols, des instruments de recherche, des méthodes et des résultats d’évaluation, des statistiques et des sciences des sols agricoles.

Le Département des sols a reçu une distinction de valeur, le diplôme de la 1re catégorie.

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Photos de l'exposition panrusse à Nijny Novgorod.
Crédit photo : https://alumni.mgimo.ru/page/adaptive/id31258/blog/4819502/?ssoRedirect=true&ssoRedirect=true&ssoRedirect=true&ssoRedirect=true
 
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Photos de l'exposition panrusse à Nijny Novgorod.
Crédit photo : https://alumni.mgimo.ru/page/adaptive/id31258/blog/4819502/?ssoRedirect=true&ssoRedirect=true&ssoRedirect=true&ssoRedirect=true

• 3-2. Poltava

V. Dokouchaev expose que la renommée des travaux déjà conduits, lui a attiré d’autres commandes.

« L’exemple du zemstvo provincial de Nijniy-Novgorod, comme il fallait s’y attendre, n’a pas tardé à provoquer des instances intéressées. En 1887-1888 le zemstvo provincial du gouvernement de Poltava fit à l’auteur de cet ouvrage la proposition de dresser une carte des sols du susdit gouvernement, en général sur les mêmes bases et d’après la même méthode dont on avait fait l’expérience dans le gouvt. Nijniy-Novgorod »

Là, pour la première fois, des sols forestiers gris ont été isolés et décrits, et l’étude des marais salants a été commencée.

• 3-3 Le Caucase

En 1898, V.V. Dokouchaev entreprend un voyage dans le Caucase, où il s’attend à observer toutes les zones naturelles qu’il avait précédemment identifiées : boréale, taïga, tchernozem, aéral et latran.

Dans sa classification, pour la première fois, une description vivante et complète des zones naturelles a été donnée, y compris les caractéristiques des zones des sols.

La brochure publiée par Dokouchaev en 1899 sous le titre « À la doctrine des zones de la nature » résumait la grande doctrine de Dokouchaev de la zonalité, de l’inclusion des sols dans le système des corps naturels répartis zonalement sur la surface de la terre.

4. Novo-Alexandria Institut de l’Agriculture et Forestier.

V. Dokouchaev s’était engagé dans le développement des questions d’enseignement agricole en Russie sous l’égide du ministère de l’Éducation publique et du département de l’Agriculture.

À l’été de 1891, en tant que membre de la Commission de l’enseignement agricole supérieur il a inspecté le Novo-Alexandria Institute de l’Agriculture et Forestier.

En 1892, il a déménagé à Novo-Alexandria en tant que directeur de l’institut.

En 1894, il a organisé à l’Institut de Novo-Alexandria le premier Département de science génétique des sols. Il a mené une réorganisation radicale de l’enseignement et du programme de l’institut. Selon ce modèle, l’enseignement agricole supérieur en Russie a été réorganisé.

En 1895, il fut forcé de démissionner de Novo-Alexandria.

5. Expositions à Paris 1889 et 1900

• 5-1. En 1889

En 1889, V. Dokouchaev, avec l’aide de V. Vernadsky, qui était en stage à Paris, organisa une démonstration de la collection de sols, des cartes et des travaux scientifiques à la Quatrième Exposition universelle à Paris.

Pour cette exposition, V.  Dokouchaev a reçu une médaille d’or et l’Ordre Chevalier « Pour le mérite en agriculture ».

Il écrit ceci.

« Toute la collection se divise en trois sections principales : a) spécimens de sols disposés d’après les régions physico-géographique de la Russie ; b) cartes de sols, coupes, tables, diagrammes, etc. ; c) ouvrages traitant spécialement des sols de la Russie. »

Tous les spécimens à l’exception d’un très petit nombre, ont été pris par moi-même (Dokouchaev) d’après un plan uniforme, strictement arrêté et en observant toujours les mêmes principes.

La collection se compose exclusivement d’échantillons de sols de terres végétales formées sur la terre ferme aux dépens de différentes roches-mères, et à l’aide de la libre influence de l’air et de la part active des plantes et des animaux ; ces terres végétales manifestent le lien le plus étroit avec leurs sous-sols et sont privées de réaction acide. Ce sont justement ces sols qui forment 99 % des champs labourés de la Russie.

Presque tous les sols de cette collection appartiennent par leur composition aux terres argilo-sableuses.

Tous les spécimens ont été pris, autant qu’il a été possible, dans des localités sèches de plaines. Chaque fois qu’on les prenait, on distinguait les trois niveaux suivants : A – niveau du sol, B – niveau transitoire, C – roche-mère (sous-sol).

Sous le rapport avec les conditions du climat, de la végétation et en partie des roches-mères toute la Russie d’Europe se divise relativement aux sols en zone : septentrionale, centrale, zone du tchernozem, en zone de l’extrême midi ; en outre, la Crimée, le Caucase, la Sibérie occidentale et la Sibérie orientale présentent des domaines indépendants ; même la zone du tchernozem de la Russie d’Europe peut être divisée en trois régions : celle du sud-est, celle du centre et celle en delà du Volga.

Principaux types des sols de la Russie d’Europe :

A. Terre végétale qui s’est formée dans les temps historique sous les murs de la forteresse de Staraya Ladoga (près de Saint-Pétersbourg),

B. Podzol septentrional typique

C. Sol forestier typique (terre sablo-argileuse) pris dans un bois de chênes croissant au milieu de la zone du tchernozem de la Russie

D. Tchernozem typique

E. Sol septentrional typique couvert de gazon depuis longtemps cultivé et fortement fumé

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La carte des sols de la Russie d'Europe, 1900.
Crédit photo :

Les spécimens de sols, nous donnent un tableau assez exact de la distribution géographique des principaux sols sur l’étendue de la terre russe ; ils constatent d’une manière visible les lois auxquelles la géographie des sols est aussi sévèrement soumise que la répartition des organismes du règne végétal et animal.

Il est instructif d’observer qu’il existe le plus proche et le plus vif rapport entre le caractère du climat des différentes zones de la Russie et la distribution des organismes végétaux (plantes, animaux) et des sols. Et en réalité cela doit être ainsi… Personnellement je suis probablement convaincu que le même fait doit se manifester dans l’Europe occidentale et sur tout le globe terrestre.

L’histoire naturelle doit au même degré servir de guide, de fil conducteur à tous les naturalistes. À cette seule condition nous serons en état de comprendre en même temps la nature dans son ensemble et dans tous ses détails ; seulement, à ce point de vue, elle apparaîtra devant nous comme un organisme effectivement indépendant, harmonieux, soumise à des lois et complètement achevé.

Mais en étudiant les sols comme des corps naturels il n’est pas suffisant, sans doute, de connaître exclusivement leur répartition horizontale ; dans plusieurs cas il est important d’avoir une idée précise de leur étendue verticale – de leur épaisseur, de leur structure et de leur rapport avec les roches-mères. »

• 5-2. En 1900

À l’Exposition universelle de Paris en 1900, des expositions de diverses organisations agricoles et stations des sols ont été présentées dans la section d’agronomie de la Russie. V. Dokouchaev a exposé sa collection personnelle, représentée principalement par les sols du Caucase ; ses étudiants V.I. Vernadsky, N.M. Sibirtsev, P.V. Ototsky et d’autres ont organisé une exposition du Département de l’agriculture du ministère des Domaines de l’État.

De nombreux échantillons de sol de la Russie dans ses principales zones naturelles ont été exposés, ainsi que des cartes des sols d’ensemble de la Russie d’Europe et du Caucase, un schéma cartographique des zones des sols de l’hémisphère nord du globe et des descriptions détaillées et caractéristiques de toutes les expositions des sols.

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Photo de l'exposition à Paris, 1900.
Crédit photo : https://foto-history.livejournal.com/5163604.html

L’un des échantillons de tchernozem de la province de Voronej (Russie) avait la taille d’une brasse cubique (environ 9,7 m³) et était monté sur un piédestal haut.

Après la fin de l’exposition, il a été décidé de ne pas couper le monolithe. Par tirage au sort, il a été transféré à la Sorbonne, où il a été conservé jusqu’en 1968, date à laquelle lui et sa vitrine ont été détruits à la suite des troubles étudiants. Aujourd’hui, les restes du monolithe sont stockés à l’Institut agronomique.

Pour ces expositions, V. Dokouchaev et les étudiants ont reçu la plus haute distinction – Grand prix.

Examen détaillé de l’œuvre par périodes

Nous allons donner une vue plus détaillée de l’œuvre de V. Dokouchaev, en divisant les étapes en cinq périodes, dont les frontières sont déterminées en fonction de l’âge du scientifique.

Juste auparavant, nous ferons une extrême synthèse.

Sa contribution théorique dans la science est remarquable, il a :

• Fondé une nouvelle science – la pédologie

• Indiqué la position particulière du sol dans la nature, qui est déterminée par le fait qu’il se compose à la fois de compositions minérales et de compositions organiques. Il a prouvé qu’une partie intégrante des sols est constituée d’organismes vivants.

• Découvert les régularités de base de l’origine et de la localisation géographique des sols.

• Développé la doctrine sur la zonalité des sols, découvert la loi de la zonalité horizontale et de la zonalité altitudinale des sols.

• Formulé une loi sur les facteurs de formation des sols.

• Établi le principe de la structure du profil du sol.

• Développé de nouvelles méthodes de recherche des sols et les bases de leur classification et de leur cartographie.

• Posé des bases de l’écologie.

• Posé des fondements de la doctrine de la biosphère.

• Développé et mis en œuvre d’un système de gestion durable des terres.

• De 1869 à 1900, publié 281 ouvrages, 4 cartes, édité des 57 livres et 7 cartes.

• Créé une école scientifique.

Le temps de Dokouchaev pour ces réalisations scientifiques a été très court : presque 25 ans.

Vers l’âge de 22 ans Dokouchaev

• termina le séminaire de Smolensk

• entra à la Faculté de Mathématiques et de Physique de l’Université de Saint-Pétersbourg.

Vers l’âge de 33 ans Dokouchaev

• Sous le pseudonyme de V. D-Chaev, écrit le premier article « Théorie de Darwin devant le tribunal des Saintes Écritures comme le plus ancien monument historique botanique et zoologique » (1869)

• a soutenu sa thèse « Sur les formations alluviales sur la rivière Kasne de la province de Smolensk » et il reçut un diplôme de l’Université (1871)

• a donné des conférences sur la géologie dynamique et la pétrographie à l’Université de Saint-Pétersbourg (à partir de 1870).

• a participé à une expédition pour étudier la « formation alluviale » de la province de Smolensk (1872).

• a participé à des expéditions dans le nord et le centre de la Russie, dans la partie sud de la Finlande afin d’étudier la structure géologique, la méthode et le temps de formation des vallées fluviales et l’activité géologique des rivières (1871-1877).

• était le conservateur de la collection minéralogique de l’Université de Saint-Pétersbourg (1872-1878).

• a fait le premier rapport scientifique lors d’une réunion de la Société des naturalistes de Saint-Pétersbourg, consacrée aux sols : « Sur le podzol de la province de Smolensk » (1874).

• a enseigné la minéralogie et la géologie à l’Institut des ingénieurs civils (1874).

• a écrit un grand article scientifique « Sur la question du drainage des marais en général et en particulier sur le drainage de la Polésie » (1875).

• a travaillé pour le ministère des Domaines de l’État pour dresser la première carte des sols de la Russie d’Europe. Edite un texte explicatif à la carte « Cartographie des terres végétales (sols) de la Russie » (1878).

• reçoit une médaille d’or pour la carte des sols de la Russie d’Europe au II Congrès géographique international à Paris.

• était l’un des membres d’une commission spéciale pour le développement de programmes pour de nouvelles études sur le tchernozem russe (1876).

• fait un rapport à la Société Impériale Économique de Saint-Pétersbourg « Résultats sur le tchernozem russe » ; il a proposé un plan pour de futures études spéciales. Aussi il dirige la « commission du tchernozem » (1877). Dès 1879 il avait écrit (en français) un rapport sur le tchernozème.

• a organisé une expédition dans la zone du tchernozem, décrit les affleurements géologiques et les coupes des sols, effectué une analyse en laboratoire d’échantillons des sols (1877-1881)

• a soutenu son mémoire de Magistère « Méthodes d’origine des vallées fluviales de la Russie d’Europe » (1878).

• a proposé de créer un musée des sols avec un centre d’étude et des laboratoires (1879).

Vers l’âge de 40 ans Dokouchaev

• En 1879, V. V. Dokouchaev a reçu le poste de privatdozent de minéralogie et a dirigé le département de minéralogie et de cristallographie à l’Université Impériale de Saint-Pétersbourg (1879-1881).

• se marie avec A.E. Sinclair (1880).

• a fait un rapport à l’assemblée générale de la Société Impériale Économique de Saint-Pétersbourg avec un rapport « Des moyens généraux pour perfectionner l’étude des terres végétales (sols) en Russie », (1880).

• a reçu le poste de professeur agrégé de minéralogie (1881-1883).

• a participé à l’exposition panrusse à Moscou. Il a reçu le diplôme de 1er degré pour l’exposition des sols (1882).

• a organisé l’expédition de Nijny Novgorod. Il a édité 14 numéros de « Matériaux pour l’appréciation des terres du gouvernement de Nijniy-Novgorod » (1882-1886).

• a écrit son livre « Tchernozem russe » qui a marqué la naissance d’une nouvelle science, la pédologie, en 1883.

• a soutenu sa thèse de doctorat, reçu le diplôme du docteur en géognosie et minéralogie.

• a été nommé professeur extraordinaire de minéralogie (1883-1886).

• a été décoré de l’Ordre de Saint-Stanislas, III degré (1884).

• créé la première classification scientifique des sols au monde (1886).

• a reçu le poste de professeur de minéralogie (1886).

Vers l’âge de 50 ans

• Il a organisé l’expédition de Poltava. Il a publié les résultats de son travail en 16 volumes. Il a créé des musées d’histoire naturelle en province à Nijny Novgorod et à Poltava (1888-1894).

• Il a organisé d’une division sur la collection des sols à l’Exposition Universelle de Paris. Suite à cette exposition, il reçoit la médaille d’or Chevalier du mérite agricole (1889).

• Il crée des bandes de protection des forêts dans la steppe de pierre de Voronej, prouvant qu’il est possible de transformer positivement la nature (1893).

• Il a organisé une collection de sols russes pour l’exposition universelle à Chicago (1893).

• Il a organisé le premier département de science génétique du sol à l’Institut agronomique et forestier de Novo-Alexandria (Pologne), effectué une réorganisation radicale de l’enseignement et du programme de l’institut (1894).

• Il a organisé le Bureau des sciences du sol sous l’égide du Comité académique du ministère de l’Agriculture et des biens de l’État. Il a commencé la préparation d’une nouvelle carte des sols (achevée en 1900 par N.M. Sibirtsev, A. R. Ferkhman et G. I. Tanfiliev) (1895).

Vers l’âge de 57 ans Dokouchaev

• a pris sa retraite pour des raisons de santé (1897).

• a organisé des expéditions dans le Caucase, en Bessarabie et en Asie centrale.

• a donné des conférences populaires sur la pédologie, qui ont connu un grand succès auprès du public à Saint-Pétersbourg, Moscou, Poltava, Tiflis (1897).

• fonde la revue « Potchvovedenie » (pédologie en russe) (1899).

• a organisé des collections de sols caucasiens à l’exposition internationale de Paris et reçoit la plus haute distinction – Grand Prix (1900).

Il a aussi formé une galaxie d’élèves qui à leur tour ont apporté une contribution majeure à diverses branches des sciences naturelles.

À la vie et l’activité professionnelle de Vasily Vasilyevich Dokouchaev sont consacrées des articles, des livres, des films.

Conclusion

V. Dokouchaev a écrit ceci.

« L’immense empire de Russie se nourrit des produits de son sol, dont la fertilité est la base de sa richesse économique et politique, des impôts, du commerce, de son caractère de culture agricole, et enfin, on peut le dire, est la source de l’existence de plusieurs dizaines de millions de Russes, le tout étant lié étroitement et indissolublement dans ce pays avec telles ou telles forces naturelles du sol… »

Dans toutes ses explorations, V. Dokouchaev cherchait la résolution d’une question, comment faut-il sortir d’une situation désastreuse et humiliante d’un pays aux sols uniques – les tchernozems, lesquels, à la suite d’une utilisation inappropriée, ont été amenés à l’état de « cheval arabe conduit », comme l’a dit V. Dokouchaev au sens figuratif.

À la suite de la mise en œuvre du programme de Dokouchaev en Russie ont été mises en œuvre les bases scientifiques fondamentales de la durabilité de l’utilisation des terres, assurant l’indépendance alimentaire du pays (des systèmes d’agriculture zonale, ainsi que le système étatique de contrôle et de gestion de la fertilité des sols, etc.).

Le temps change, nous aussi, tout comme l’environnement naturel qui nous entoure.

En Russie, il y a une prise de conscience que nous nous trouvons au pouvoir des lois découvertes par V. Dokouchaev ; que nous et le monde qui nous entoure, nous sommes inextricablement liés.

Aujourd’hui les paroles du grand scientifique (V. Dokouchaev) sont actuelles.

« La vie d’une personne civilisée devient chaque année de plus en plus exigeante, et son coût croît encore plus vite ».

« Y aura-t-il assez de richesses naturelles de sorte que leur croissance va suivre la civilisation et la masse de l’humanité ? Ou au contraire, à l’avenir, plus ou moins lointain, faut-il prévoir l’épuisement d’objets d’une importance primordiale pour la civilisation, tels que le charbon, le pétrole, le fer, etc. ? De-là ne devrons-nous pas alors reprendre l’agriculture ? … »

(1) Le présent article est de Tatyana Krasnikova qui en a assuré la composition d’après une source russe, et sa traduction. Michel Lagarde l’assiste pour une recomposition globale de l’article, et un ultime perfectionnement de la langue française. Tatyana Krasnikova est titulaire d’un Master 1 de gestion publique (option : économie) et d’un Master 1 Spécialiste en finance, Ukraine.

Ouvrages du professeur V.Dokouchaev

1. Résultats des recherches concernant le tchernozem russe, 1877

2. Compte-rendu préliminaire d’un voyage dans la région du tchernozem au sud-ouest de la Russie, 1878

3. Compte-rendu préliminaire d’un voyage dans la région du tchernozem à l’est de la Russie, 1879

4. Cartographie des terres végétales (sols) de la Russie, 1879. Édition du Ministère des Domaines de l’État.

5. Tchernozem de la Russie de l’Europe, 1879

6. Des moyens généraux pour perfectionner l’étude des terres végétales (sols) en Russie, 1880

7. Réponse aux remarques faites sur le rapport précédent. 1881

8. Marche et principaux résultats des recherches sur le tchernozème russe, entreprises par la Société Impériale Économique, 1881

9. Quelques données sur le tchernozem en Sibérie, 1882

10. Carte schématique des sols de la zone du tchernozem de la Russie d’Europe, 1882

11. Tchernozem de la Russie d’Europe. Édition de la Société Impériale Économique. Ouvrage couronné par l’Académie des Sciences de St. Pétersbourg et honoré du grand Prix de l’archevêque Métropolitain Macarius, 1883

12. De l’origine du tchernozem russe, 1884

13. Du tchernozem soit-dit Géorgien dans le gouvernement de Vladimir. Deux articles. 1884

14. Sur la question du tchernozem russe. 1885

15. Sur la question de la fondation d’un Musée permanent des sols à St. Pétersbourg

16. Utilité de l’étude de la nomenclature locale des sols russes et de la fondation des Musées d’Histoire naturelle en province. 1886

17. Matériaux pour l’appréciation des terres du gouvernement de Nijni-Novgorod. Partie d’histoire naturelle ; volumes I – XIV' 1882-6. Édition du zemstvo (états provinciaux) de Nijni-Novgorod. Le premier volume et plusieurs chapitres des volumes XIII et XIV sont écrits sous sa rédaction personnelle.

18. Explication de la carte des sols du gouvernement. de Nijni-Novgorod. 1887

19. De l’appréciation normale des sols de la Russie d’Europe. Deux brochures. 1887

20. Des méthodes à suivre pour résoudre la question : s’il y a ou non des forêts dans les steppes méridionales de la Russie. 1889

21. Programme pour l’exploration des sols. 1889

Gestion forestière

Magazine n°386

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