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Réseau de suivi des dommages forestiers du DSF : encore moins de 1 % de mortalité en 2021

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Crédit photo DSF
Depuis 1989, chaque année, environ 12 000 arbres (dans près de 600 placettes installées en forêt tous les 16 km sur le territoire*) sont observés** sous l’égide du Département santé des forêts (DSF). Il s’agit d’évaluer leur état de santé au travers de critères symptomatologiques comme le manque de feuillage, les mortalités de branches, les mortalités d’arbres… Ce dernier critère est le premier en matière de santé des forêts : en 2021, celle-ci s’est maintenue en dessous du seuil de 1 %. Sur l'ensemble du territoire, les observations montrent une hétérogénéité dans l'état de santé des forêts. « Elle traduit la multitude de stations, milieux, contraintes de vie, essences… qui composent la forêt française, ainsi que les aléas subis et la vitesse de réaction des essences », remarque le DSF.

« En 2021, le réseau montre l'effet des dernières années de sécheresse. Les placettes concernées par des mortalités d'arbres sont en augmentation », indique le département santé des forêts. « Toutefois, La mortalité générale sur le réseau est faible (inférieure à 1 %) mais elle est en augmentation ces dernières années, chez les feuillus mais surtout chez les résineux. »

Si en 2004, après la grande canicule de 2003, la forte augmentation de mortalité résineuse s’expliquait par un problème très localisé (une placette d’épicéas), indique le DSF, les mortalités 2021 concernent un nombre élevé de placettes différentes et touchent différentes essences : les sapins et épicéas de la zone nord-est (Ain, Jura, Vosges, Alsace), les pins sylvestres, et le pin d’Alep chancreux pour les résineux ; les chênes sessiles, pédonculés, bouleaux, frênes chalarosés, chêne pubescent, robinier, tremble… pour les feuillus.

En bref, la mortalité, tout en restant inférieure à 1 %, impacte une plus grande diversité de peuplements, en lien en particulier avec les sécheresses subies ces dernières années.

En dehors des mortalités, les déficits foliaires augmentent pour certaines essences. Le réseau reflète également l'impact des pathogènes et maladies très répandus comme la chalarose du frêne, les scolytes sur résineux ou l'encre du châtaignier, indique le DSF.

« Les déficits foliaires de résineux comme des feuillus montrent une augmentation continue depuis 1997. Depuis 2019, ils ont passé un nouveau palier, témoin des sécheresses cumulées des dernières années », précise le DSF. « Ces courbes cachent une hétérogénéité dans les évolutions. Selon la localisation des placettes, à grande échelle (zones méditerranéennes, contreforts méridionaux du Massif central…) ou locales (stations difficiles, forêts périurbaines…), les conditions de croissance peuvent expliquer ces contrastes. La vie et l’historique des arbres expliquent également les différences de déficits foliaires et leur évolution. Les arbres plus âgés, plus contraints par la concurrence (retard de coupe par exemple), mal adaptés à leur station… ont un déficit plus élevé, qui se dégrade plus facilement en cas d’aléas »

Morgane Goudet et Fabien Caroulle, du DSF, résument ainsi la situation : « La forêt française se compose d’une multitude de stations, de milieux, de climats conditionnant les contraintes de vie et de croissance des arbres, mettant à l’épreuve la résilience de la forêt en cas d’aléas. Les sécheresses des dernières années sont visibles sur le réseau (mortalités, déficits foliaires) impactant de nombreuses essences tel que l’épicéa, le sapin, le chêne sessile et le pin sylvestre. L’arrivée d’un bio-agresseur peut également rebattre les cartes dans le jeu de la survie et de la présence des essences sur le territoire, comme l’a récemment montré la chalarose. Son impact est bien visible sur le réseau, le nombre de frênes est désormais moins important. Plus généralement, on constate une augmentation continue des déficits foliaires, conséquence d’un vieillissement général de la forêt ou d’une perte de vitalité plus globale ? Le réseau devrait permettre de définir si à grande échelle, la résilience des forêts sera perturbée ou remise en cause. »

* Ce réseau s’intègre au réseau de plus grande échelle déployé en Europe.

** Par des équipes de deux notateurs formés. Depuis 2021, des notes Deperis sont désormais relevées pour chaque arbre du réseau, offrant de nouvelles informations sanitaires.

Critères de vitalité des principales essences : quelques éléments par le DSF

Les feuillus

La situation du châtaignier reste dégradée. En cause, différents facteurs affaiblissant les arbres : stations inadaptées, vieillissements, chancre… et plus récemment l’encre qui occasionne des mortalités régulières sur le réseau, des déficits foliaires élevés et de nombreux houppiers classés D, E, F.

La crise sanitaire subie par le frêne depuis l’apparition de la chalarose en France dans les années 2000 se retrouve dans l’augmentation du déficit foliaire (Alpes, Centre Nord semi-océanique, Grand-Est, Jura, Massif central) et son ampleur géographique se traduit par l’augmentation du nombre de placettes enregistrant des mortalités (diminuant le nombre de frênes noté sur le réseau). La situation semble toutefois se stabiliser ces dernières années.

Le déficit foliaire du hêtre semble se dégrader depuis de nombreuses années. Les critères observés sur le réseau (déficit foliaire, Deperis) sont plutôt dégradés, surtout dans le Grand Est semi-continental et sur les Vosges. Les sécheresses des dernières années n’ont pas ralenti le phénomène, même si l’année 2021 a présenté des houppiers en meilleure condition que 2020. Si le hêtre peut montrer des houppiers dégradés (mortalités de branches, déficits foliaires élevés…), il n’enregistre toutefois que très peu de mortalités d’arbres.

Parmi les chênes, les chênes sessiles enregistrent une dégradation de leur état de santé en 2021, visible par les mortalités d’arbres plus fréquentes au sein des placettes, une augmentation du déficit foliaire et un état dégradé des houppiers, essentiellement localisé dans le Centre Nord océanique, le Massif central et l’Est (Vosges et Grand-Est semi-continental). La situation du chêne pédonculé, plus difficile ces dernières années, est restée stable (mortalités et déficits foliaires stables). Les situations se dégradant le plus se trouvent dans le Grand-Est et le Centre Nord. Les houppiers des chênes plus méridionaux, chêne pubescent et chêne vert sont parmi les plus dégradés (notes Deperis et déficit foliaire), mais la situation est stable depuis 10 ans.

Les résineux

L’épicéa et le sapin sont les deux essences montrant l’impact le plus dommageable des sécheresses récentes. L’effet se voit en particulier sur les mortalités d’arbres et sur le nombre important de placettes concernées. Toutefois, l’état des houppiers vivants n’est pas dégradé (déficits foliaires faibles, notes Deperis non dégradées). La santé des deux essences suit un peu le « tout ou rien » : s’ils ne sont pas morts, les arbres semblent bien portants.

Les mortalités de pin sylvestre marquent de paysage depuis les sécheresses 2018-2020. Le nombre de placettes avec au moins un mort augmente depuis 2018, traduisant l’installation sur le territoire d’un phénomène de mortalités. Les arbres vivants ont un houppier peu dégradé et stable.

Le pin maritime du Sud-Ouest montre un bon état sanitaire.

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