Selon le consultant canadien spécialisé dans le marché du bois Russ Taylor, les prévisions sur le commerce chinois de grumes et de bois d'œuvre s'appuient sur des statistiques et relèvent de modélisations peu fiables. Il s'est associé avec Margules Groome (Nouvelle-Zélande et Australie) pour produire un rapport basé sur des informations recueillies sur place, qu'ils monnayent. Russ Taylor a toutefois diffusé un résumé de ses impressions de Chine, dont sont extraits les éléments ci-après.
Le premier constat est celui (connu) d'une industrie de la construction qui « croule sous les dettes et sans voie claire à suivre ». Ce marché de la construction a représenté jusqu'à 24 % du PIB selon Russ Taylor, et s'est contracté à 19 %. D'où « l'impact négatif sur la demande des utilisateurs finaux pour des grumes importées et du bois d'œuvre de qualité inférieure pour la construction ».
Face au déclin de l'activité de construction et des besoins en bois de coffrage, Russ Taylor évoque la situation critique des importateurs de bois d'œuvre de qualité inférieure en Chine, les prix du bois d'œuvre étant passé d'un sommet de 280 $ US/m³ en avril 2022 (juste après le Nouvel An chinois) à 160 $ US/m³ un an plus tard, niveau où ils sont restés.
Autre constat, celui que les stocks de grumes et de bois d'œuvre dans les ports maritimes et les chantiers de distribution sont très faibles en Chine, surtout par rapport aux années précédentes.
Face à celui-ci, « certains exportateurs de bois d'œuvre scandinaves et russes ont estimé qu'octobre était un bon moment pour augmenter les prix du bois d'œuvre en Chine, et les prix de sciage sont passés de 220 $ US/m³ à 260 $ US/m³ », note Russ Taylor. Or, il indique que ces prix élevés n'étaient pas du tout liés à la demande, même si les marchés du meuble et de la décoration étaient au moins stables. « La faiblesse des stocks reflète simplement un manque général d'activité et un intérêt limité pour la détention de stocks ! », explique-t-il. Selon le consultant, cette augmentation de prix « pourrait avoir un impact négatif sur la production future de certains fabricants de meubles chinois, car cette augmentation du prix du bois d'œuvre ne pourra pas forcément être répercutée sur les clients ». Début novembre, les prix étaient revenus à 230 $ US/m³, note-t-il.
D'après Russ Taylor, la plupart des importateurs en Chine s'inquiètent de ce qui se passera après le Nouvel An chinois en 2024 (10 février). « Ils se souviennent très clairement de ce qui s'est passé en 2023, car tout le monde pensait qu'il y aurait une hausse de la demande et des prix après la levée des confinements liés au Covid. C'est le contraire qui s'est produit, et beaucoup ont suracheté du bois d'œuvre à prix élevé dans toutes les catégories au premier trimestre de 2023 et ont pansé leurs plaies depuis. »
Pour lui, de nombreux acheteurs surveillent attentivement leurs achats et prévoient de gérer leurs stocks de manière prudente afin d'être prêts à faire face à tout effondrement potentiel du marché après le Nouvel An chinois. « Bien sûr, si leur pari est erroné et que la demande augmente, les stocks ultra-bas en Chine signifieraient que les exportateurs pourraient augmenter leurs prix pour profiter du besoin d'achat des importateurs », précise Russ Taylor. « Dans un sens, cela pourrait être gagnant-gagnant, mais seulement si c'est durable et non un hoquet de trois mois ».
À court terme, le consultant canadien conseille aux exportateurs de faire attention à leurs volumes d'expédition (« car leurs activités futures en Chine pourraient être affectées négativement si les prix baissent en raison d'une demande plus faible et/ou s'il y a des stocks excessifs après le Nouvel An chinois »).
À plus long terme, toutefois, « l'histoire sera très différente », assure Russ Taylor, « car certaines pénuries d'approvisionnement sont prévues ».
Il prévoit une demande en plaquette feuillue, car le secteur de la pâte à papier en pleine expansion en Chine, indique-t-il.
Les conclusions au sujet du marché chinois du consultant canadien Russ Taylor rejoignent celles réalisées par le Commerce du bois sous l'égide de France bois forêt dans le document de synthèse sur la conférence internationale des résineux 2023 : « L'industrie du bois résineux en chine : entre défis actuels et opportunités futures ».
La Chine est en mesure d'atteindre une croissance économique de 5 % en 2024, a déclaré selon Reuters le 19 décembre Wang Yiming, conseiller auprès de la Banque populaire de Chine (BPC), la banque centrale du pays.
