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Les arbres, une énergie renouvelable ou pas ?

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Crédit photo ipopba - stock.adobe.com
L’Union européenne serait en train de vouloir classer la biomasse forestière primaire en énergie non renouvelable. Quoi, le bois énergie utilisé depuis la nuit des temps par l’homme serait exclu des aides financières ? Et puis, on affirme haut et fort que le bois est une ressource renouvelable, c’est incompréhensible ce changement de statut. Qu’en est-il vraiment ?

En 2011 déjà, La Forêt Privée avait traité de ce sujet de première grandeur sur le plan écologique. En (très) gros mais juste, les micro-ateliers photosynthétiques des feuilles fabriquent des chaînes carbonées qui donneront des sucres puis le bois à partir d’une molécule de CO2 de l’air et d’une molécule de H2O du sol. La réaction produit un - très utile - déchet… O2 ! Des minéraux sont indispensables dans l’usine, par exemple le magnésium au rôle capital dans chaque atelier. Pour alimenter l’usine, l’arbre reçoit l’aide des champignons mycorhiziens qui puisent dans le sol les éléments minéraux essentiels.

L’arbre devient alors une véritable batterie, pleine d’énergie, de minéraux classiques (dont le magnésium, véritable catalyseur de l’usine photosynthétique) mais aussi de « terres rares » que les forestiers nomment oligo-éléments.

Comparons les deux filières pour brûler le bois, celle qui le fait « pourrir » et celle qui nous chauffe (ou incendie la forêt).

Tout de suite le résultat : le bois est renouvelable, pas les… arbres !

Quand l’arbre ou l’un de ses éléments (branche, racine…) meurt, cette énergie va être utilisée par de multiples décomposeurs, champignons, larves d’insectes et de très nombreux micro-organismes. On résume : le bois mort pourrit et, lentement, devient un humus. Humus qui constitue lui aussi un lieu de combustion à froid. L’arbre va recycler tout ça pour refaire du bois etc..

À la toute fin, la matière organique redevient du CO2, elle s’est « minéralisée » car restent les minéraux alors restitués au sol, aux mycorhizes… Et la machine du vivant repart ! L’ensemble de ces transferts au sein de l’écosystème forestier constitue le cycle bio géochimique.

Dans une chaudière ou un feu de forêt, les chaînes carbonées sont détruites d’un coup pour donner du CO2 et de la chaleur. Autant de CO2 que dans la combustion à froid : au départ, il y a autant de matière organique. Sauf que les organismes décomposeurs/recycleurs qui participent à la biodiversité de la forêt et aux mécanismes biologiques de la pédogenèse sont exclus du processus.

Quant aux minéraux issus de la décomposition des roches, ils deviennent les cendres ! On les a exportés de la forêt et on a donc appauvri les sols. D’autant plus que lesdits minéraux, dans un arbre, sont surtout concentrés dans les éléments de petites dimensions.

On se sert des cendres comme engrais depuis la nuit des temps… Et, ça, ce n’est pas recyclable en 100 ans, c’est du sol, pour user le matériau parental (la roche), pour en faire un sol vivant, il faut des millénaires.

Pour le CO2, à chaud ou à froid, le bilan est le même ! Mais, à chaud, on perd la biodiversité et des minéraux ! La vie des forêts donc. Cela veut-il dire que nous devons nous passer du bois énergie ? Comme tout ce que nous utilisons, il faut le faire en toute connaissance de conséquences et savoir que l’arbre-énergie n’est pas renouvelable et l’utiliser exige une gestion raisonnée et très prudente du capital minéral des sols forestiers. Un guide de l’ADEME fournit les conseils à suivre pour ne pas avoir à regretter d’avoir chimiquement usé son sol.

Déjà en… 1793, l’une des clauses techniques de la vente d’une coupe de sapin dans les Hautes-Pyrénées interdisait l’enlèvement des rémanents lesquels débris doivent servir à l’engrais du sol. Tout était dit !

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Il [l’adjudicataire] ne pourra disposer ni transporter hors de la forêt et la vente, et les autres branchages, chapeaux, décombres, débris ni rémanents des arbres exploités, ni d’autres, lesquels débris doivent servir à l’engrais du sol, à peine d’amende et de touts dépens, dommages et intérêts… (Source : arch. dép. Haute-Garonne, 2437, W 158)

Gestion forestière

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