Par contre, la demande en petits bois utilisés à des fins d’énergie a explosé pour les feuillus plaquettes et bûches, pour les résineux plaquettes et sciures, pour faire face aux demandes en granulés.
Le besoin en bois s’est redressé dans le courant du dernier trimestre 2022, avec le souci de reconstitution des stocks, grumes et sciages, qui avaient diminué au cours des mois précédents, répondant alors aux demandes des marchés européens et asiatiques, ceci malgré les incertitudes des climats géopolitique, économique et social.
Celles-ci sont venues assombrir les perspectives de prospérité des marchés. Le doute s’instaure avec la guerre, l’inflation et principalement les coûts des énergies, ceci sans compter sur le remous du climat social. Les évolutions peuvent se qualifier comme suit en ce début d’année 2023.
L'Asie, un débouché interessant
Pour le chêne, la demande s’est maintenant fixée sur des bons choix vers 350/400 €/m³, avec un retournement sur les choix secondaires (gélifs ou brogneux), y compris à l’export, tout particulièrement à destination de l’Asie, qui assurait un débouché intéressant ; retour quelque temps en arrière, où il n’était récolté que les beaux bois, ceci expliquant, entre autres, parfois, le niveau de la ressource.
Le hêtre blanc est bien orienté, vers 80 €/ m³. Les bois flammés sont délaissés avec un fort ralentissement à l’export. Ils sont alors destinés à l’énergie.
Le frêne est toujours bien demandé, vers 100/120 €/m³, à l’exportation.
Le peuplier, selon cultivar et qualité de la bille de pied, est fortement demandé, vers 60/70 €/m³, voire localement plus selon le tissu industriel régional.
Le chêne rouge devient une essence prisée, avec des prix de l’ordre de 150/200 €/m³, sur écorce et sur pied selon la qualité de la bille de pied.
Moins de demande pour les fruitiers
Peu d’évolutions particulières pour le merisier et autres fruitiers, plutôt délaissés.
Une demande artisanale et locale, menuisier et ébéniste, peut en animer le commerce, souvent en petite quantité.
Le charme et les divers blancs, tremble, bouleau, acacia, érables sycomores et planes trouvent preneurs, dans un marché réduit par le faible intérêt industriel, avec une ressource limitée et/ou dispersée.
Le châtaignier est demandé mais sa ressource est parfois en régression en raison d’une situation sanitaire difficile.
Le douglas, après une lourde baisse des prix, avec parfois une absence d’offre, n’est plus guère demandé. Les rares transactions indiquent des prix autour de 50/80 €/m3 sur pied et sur écorce pour des billes propres sans nécrose cambiale ou peu branchues. Les petits bois de douglas, diamètre à hauteur d’homme inférieur à 30/35 cm sur pied et sur écorce, sont encore demandés.
Il reste un marché de niche pour les gros douglas à bille propre dont les prix peuvent atteindre voire dépasser les 100 €/m³ sur pied et sur écorce, sous réserve d’en avoir la demande.
Cette situation est d’autant plus préoccupante en ces temps où la régénération naturelle de douglas est de mise pour renouveler les bois matures qui montrent de plus en plus des signes de dépérissement avec à terme une nécessité de régénération. Les restrictions sur les coupes définitives entravent le renouvellement des peuplements, d’autant que s’ajoute une limitation de la surface à parcourir rendant la régénération par voie artificielle ardue.
Il est temps que les forestiers professionnels de terrain reprennent l’initiative en évitant la structure des forêts en damier.
L'épicéa reprend du poil de la bête
L’épicéa commun est sorti de la torpeur dans laquelle le triste épisode du scolyte l’avait largement plongé, minant non seulement les prix, mais ˗ plus préoccupant ˗ entraînant la réduction drastique des ressources. Il retrouve, en bois frais, les prix d’antan, autour de 70/80 €/m³ sur pied et sur écorce, selon les régions. La demande en granulés à des fins énergétiques stimule le prix des petits bois.
Le mélèze progresse pour les beaux sujets, autour de 60/70 €/m³ pour les bois de 1,5 m³ de volume unitaire. Les mélèzes d’altitude en raison de leur qualité technologique, grain fin, se négocient à des prix plus conséquents.
Les pins sylvestres et laricio se valorisent sur pied autour de 30/45 €/m³. Les sciages se substituent ponctuellement aux marchés traditionnels de l’épicéa affectés par une ressource réduite voire localement absente. Les autres essences conséquentes, Sitka, pin maritime… demeurent dans les prix de l’été.
Le pin maritime atteint des prix autour de 70 €/m³ sur écorce et sur pied.
La demande est certaine pour le bois dit de trituration destiné à l’industrie lourde, panneaux et pâtes à papier. Leurs prix sont toutefois fortement concurrencés par les besoins en bois de chauffage et énergie, avec une demande conséquente, plus rémunératrice.