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Meuble / Les robots, alliés de l'ameublement

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L’Unifa a adhéré en ce tout début d’avril à l’Alliance pour l’industrie du futur, devenant la vingtième fédération professionnelle membre. Première étape vers la modernisation, l’Union nationale des industries françaises de l’ameublement a organisé, avec le Symop (Syndicat des machines et technologies de production), une journée consacrée à la robotisation dans les entreprises de ce secteur, le 29 mars à Paris.

La robotisation dans la production industrielle permet non seulement d’améliorer la productivité de l’entreprise, mais elle est aussi un outil de revalorisation du travail et un levier de modernisation en réduisant les contraintes liées à la pénibilité des tâches et en créant de nouvelles possibilités d’organisation de la production. Loin d’être synonyme de suppression d’emplois, elle permet de développer l’entreprise et de gagner des parts de marché. C’est ce message que souhaitait diffuser l’Unifa en organisant cette journée, dans le cadre de sa stratégie offensive pour regagner la place que l’industrie de l’ameublement a perdu en France depuis une vingtaine d’années (moins 40% de ses emplois salariés depuis 1994 !).
Trois entreprises de l’ameublement étaient venues témoigner de leur expérience : Simire, fabricant de meubles pour les collectivités, en particulier de mobilier scolaire, la Salm, qui est la branche production de meubles de cuisines et d’habitats sur mesure du groupe Schmidt, et Optimum, fabricants de portes de placards.

Les robots, outils de progrès

La société Simire a opté pour la robotisation dès les années 90 pour améliorer la productivité et la flexibilité de sa production face à une très forte saisonnalité de la demande, a expliqué son dirigeant Philippe Lacharnay. Les ressources en compétences étaient aussi devenues un souci pour cette fabrication faisant appel à des technologies de soudure (pour les pieds de chaise et de tables) de plus en plus complexes. Pour Jean-Luc Guéry, de la société Optimum, c’est l’amélioration de l’ergonomie qui a été le moteur, la manipulation pour fabriquer les 300.000 portes annuelles dont chacune pèse 60 kg étant pénible pour le personnel, qui d’ailleurs a tout de suite adhéré à la démarche. Dorénavant, toutes les portes sont déplacées uniquement par des systèmes mécaniques. Quant à Jean-Claude Meyer, de la Salm, la robotisation a permis de passer de la production en série à la production en «tailles de lot un», c’est à dire de produits sur-mesure à l’unité, devenue indispensable sur le marché des cuisines, et d’améliorer la qualité de la production en supprimant les erreurs humaines dans le tri. La robotisation permet aussi, pour ces trois entreprises, de mieux gérer les flux intermédiaires dans les ateliers, et de gagner de la place.
Pour les salariés, outre le gain en ergonomie et la réduction des TMS (troubles musculo-squelettiques) devenus monnaie courante dans tous les métiers à tâches répétitives (un enjeu majeur aussi dans le cadre de la continuation de l’activité jusqu’à 62 ou 63 ans liée au recul de l’âge de la retraite), la robotisation est aussi une requalification de leur métier, qui est d’ailleurs très souvent accompagnée d’une formation, mise en œuvre par les entreprises elles-mêmes le plus souvent faute de prestations appropriées dans le cadre de la formation continue obligatoire. Et pas de suppression d’emplois dans ces trois entreprises, pour qui la robotisation, si elle a permis de mieux répondre à la demande et de développer leur activité, a été avant tout un choix «au service de l’Homme», a insisté Philippe Lacharnay.

Un financement encouragé

Le financement de la robotisation est encouragé au travers de divers dispositifs : possibilité d’amortissement accéléré, sur 24 mois, des robots (dispositif valable jusqu’au 1er janvier 2015 qui a été prolongé jusqu’au 31/12/2016) ; suramortissement (40%) qui équivaut à une subvention de 13% du montant de l’investissement (dispositif valable jusqu’au 14/04/2016) ; prêts de la BPI jusqu’au 20 janvier 2017.
La société Optimum a pu bénéficier d’un financement de la Carsat (caisse d’assurance retraite et de la sécurité au travail) mais le nombre croissant d’entreprises candidates réduit l’enveloppe disponible par entreprise, la Salm a obtenu des financements européens, des aides appréciables face aux possibilités d’emprunt limitées qu’offrent les banques, selon Philippe Lacharnay, de l’entreprise Simire…
Le Symop a pour sa part mis au point, en partenariat avec la BPI, le Cetim (Centre technique des industries mécaniques) et le CEA List (institut de recherche sur les systèmes technologiques intelligents), un dispositif d’aides à l’investissement «Robot Start PME», à l’intention des PME. Il propose une aide autant sur le plan financier (participation au financement à hauteur de 10%) que dans la définition du projet grâce à l’accompagnement par des experts. Le dispositif accompagnera 250 PME pendant deux ans dans l’intégration de leur premier robot. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 31 mai prochain.

Pour une utilisation pertinente

La robotisation en est déjà à sa deuxième génération de robots, après l’automatisation des tâches poste de travail par poste de travail, les nouveaux robots offrent la possibilité de connexion interpostes et tout au long du process de fabrication, un traitement des données intégré permettant une intelligence opérationnelle des robots et une meilleure efficacité par digitalisation de la chaîne de valeur. La robotique est aussi désormais «collaborative», c’est-à-dire capable d’accompagner un opérateur dans l’exécution de la tâche pour en fluidifier la réalisation. Et surtout ces robots de la deuxième génération ont gagné en simplicité de fonctionnement pour les opérateurs, en coût, en un mot ils sont désormais accessibles même pour des petites entreprises.

… Et le bois dans tout ça ?

Outre l’utilisation de robots pour l’usinage des produits bois, possible même si le bois est une matière plutôt fragile pour les manipulations automatiques et que les cadences de fabrication sont en général élevées, les robots peuvent être employés pour le remplissage des stocks de produits bruts et l’empilement des produits pour la sortie usine. La robotisation améliore le pourcentage de chutes dans les découpes, et globalement permet de préparer le passage à la tendance actuelle vers la production en contremarque plutôt qu’en série.
L’Unifa croit donc beaucoup aux possibilités qu’offre la robotisation pour l’industrie de l’ameublement de retrouver une compétitivité qui lui permettra de se réapproprier la demande en France et à l’international et de développer sa créativité et l’originalité de son style qui restent très appréciées au niveau mondial.

Nathalie Jaupart-Chourrout

Meuble

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