Pour inciter les élus à augmenter la part du bois local dans la commande publique, l’association « Bois des Territoires du Massif central », en collaboration avec l’Association des communes forestières du Massif central, Fibois Nouvelle-Aquitaine et Limoges Métropole, a proposé une rencontre en présentiel et en visioconférence afin de présenter les enjeux et perspectives d’utilisation de bois locaux.
Pour introduire les débats, Hugues Petit-Etienne, prescripteur bois à Fibois, a présenté les performances du bois dans la construction, d’autant plus intéressantes depuis la RE 2020. « Les deux nouveaux indicateurs construction et énergie permettent de calculer l’impact des matériaux sur le changement climatique, ils sont très favorables au bois avec le plus faible impact carbone » constate-t-il. « De plus, le plan Ambition bois construction 2030 vise à augmenter sa croissance de 10 % par an. Le bois est donc le matériau renouvelable et biosourcé de la transition écologique. »
Faible impact du bois sur le coût d’un projet
Chargé de mission bois construction à l’association des communes forestières (Cofor), Théodore Dubos a abordé la question de la commande publique. « L’intérêt est de valoriser la ressource locale et de créer de la valeur ajoutée localement, l’un des leviers est la commande publique. Elle s’élevait à 21 milliards au 1er trimestre 2021, dont quatre pour les bâtiments publics, avec un impact pour les territoires de 10 % à 15 % des marchés des constructeurs et artisans. »
Le lot bois (fourniture et pose) représente 20 à 25 % du prix d’un bâtiment, le coût de la matière n’étant que de 5 % du montant de la construction. « Construire en bois, et encore plus en bois local, n’a pas d’impact significatif sur le coût d’un projet » conclut-il. Les collectivités peuvent bénéficier d’aides, une majoration de 10 % de la dotation équipements (DETR) sur le lot bois certifié local. Le PNR Millevaches Limousin finance à 40 % l’étude architecturale ou celle du maître d’œuvre. Un appel à manifestation d’intérêt « Avenir montagne investissement » pour flécher des projets touristiques du Massif central sera déposé le 25 février.
Technicien à l’ONF, Jérôme Vany a indiqué la procédure à suivre par la collectivité si elle est propriétaire ou non de forêts. « Dans le premier cas, on recherche la parcelle, désigne les bois pour les délivrer à la collectivité, dans le deuxième cas, on cherche des bois bord de route d’une autre collectivité répondant au cahier des charges. » La certification BTMC inscriptible dans les marchés publics garantit la traçabilité des bois et la transformation en circuit court, sens de l’intervention de Clément Blasco, coordinateur de l’association BTMC créée en 2017. « Vingt-deux départements sont concernés sur quatre régions avec deux périmètres, l’origine des bois et la transformation, garantissant aux clients un bois local, durable et certifié. » Ainsi, 39 bâtiments ont été réalisés et 14 sont en projet.
Fort engagement en faveur du bois local à Couzeix
La rencontre s’est poursuivie l’après-midi au pôle culturel de Couzeix ouvert depuis un an et initié par la municipalité précédente. Le maire actuel Sébastien Larcher est très satisfait des deux bâtiments qui font la part belle au bois local, la médiathèque et l’école de musique de 400 m2 chacune, un investissement de 1,6 million d’euros. « Cet équipement était attendu par la population » assure l’édile. « Le bois a tout son rôle à jouer dans les bâtiments bas carbone vers lesquels on tend aujourd’hui. Il faut que la filière finisse de se structurer car il y a des enjeux importants sur notre territoire alors que même les majors de la construction souhaitent développer le bois. La garantie de pouvoir produire en local a tout son sens et les collectivités doivent être exemplaires dans leur choix sur des alternatives aux matériaux classiques et la gestion de l’énergie. »
Le maître d’ouvrage a retenu le projet de l‘agence Spirale Architecture, basée à Limoges, avec deux bâtiments jumeaux abrités sous une halle en douglas lamellé-collé pour créer un lieu de convivialité. « La municipalité voulait créer un bâtiment s’inscrivant dans une logique écologique et durable avec des matériaux locaux en utilisant le plus possible des isolants naturels, du bois local et de l’énergie renouvelable », détaille l’architecte Florence Bonjour. « Nous avons pu le faire car la mairie y tenait ; ce n’est pas toujours possible de les placer dans tous les projets. » La forte volonté municipale a été favorable au bois présent un peu partout mais pas toujours visible, un bardage en aluminium étant posé en vêture.
L’école de musique a été traitée au niveau acoustique par des dalles béton (sol, plafond) pour absorber les basses fréquences mais le bois est présent par touches en absorbant acoustique. L’architecte s’est appuyée sur Fibois pour que le bois local figure dans le marché public. La charpente en douglas lamellé-collé a été posée par l’entreprise Martinet (23) qui s’est fournie auprès de Cosylva (23). Les combles et murs en ossature bois sont isolés en ouate de cellulose, laine de bois et de verre en intérieur. Des panneaux rigides Kerto LVL habillent la toiture de la halle. Le mobilier de la médiathèque, en douglas multiplis, a été conçu par le menuisier agenceur « Perspective » (87) pour être démonté et empilé facilement.