Organisées la première semaine d’octobre par l’interprofession Fibois, les Rencontres Woodrise avaient pour ambition de faire découvrir la filière bois de Nouvelle-Aquitaine au grand public tout en mettant en avant le bois dans la construction en misant sur l’innovation et le savoir-faire des entre- prises régionales.
Deux bâtiments ont ainsi été retenus par France douglas pour promouvoir les qualités de cette essence. La quinzaine de participants a pu découvrir «La Quincaillerie numérique», un tiers-lieu aménagé depuis deux ans dans un ancien magasin au cœur de Guéret par la Communauté d’agglomération. Le bâtiment qui l’hébergeait étant trop exigu, il fallait pousser les murs. L’objectif architectural a été d’apporter de la lumière dans ce magasin de 1.000 m2 dépourvu de fenêtres, tout en intégrant des matériaux biosourcés. Le projet du cabinet d’architecture «Matière à» basé à Limoges a remporté le concours.
La structure métallique revêtue d’un bardage acier double-peau a été conservée. Les aménagements intérieurs intègrent une vaste mezzanine en douglas issu de forêts du Massif central, un approvisionnement local facilité grâce au label Bois et territoires du Massif central.
Le douglas associé à l'OSB brut
Ce tiers-lieu numérique accueille un espace de co-working, un fablab, une radio locale et une salle de spectacles de 150 m2 (200 places), une boîte dans la boîte. Cette diversité d’activités a nécessité une attention particulière concernant le traitement acoustique. «Cette cohabitation très diverse a demandé un fort travail sur l’acoustique réalisé avec des matériaux biosourcés performants, à savoir la paille et la laine de bois», relate Alexandre Bavière, l’architecte. «Le but était de redonner aussi une ambiance chaleureuse en utilisant des matériaux très flexibles. L’isolation thermique se fait de deux façons, par l’extérieur pour la toiture et par l’intérieur pour l’isolation périphérique des murs, assurée par des caissons de murs bois remplis de paille, avec un vide d’air ventilé laissé entre eux et l’enveloppe existante.»
L’inertie est apportée par le sol en ciment, conservé pour apporter du confort, notamment en été, et éviter la climatisation. Les murs intérieurs mesurent 36 cm d’épaisseur. Sur la façade nord, une grande verrière a été percée pour apporter la lumière naturelle. La structure de la mezzanine a été réalisée en douglas. Les espaces de co-working sont délimités par des murs en panneaux OSB bruts perforés pour «piéger le son», isolés en laine de bois. Le sol est également en OSB brut, ce qui crée une légère gêne en marchant avec des chaussures à talons. La salle de spectacles a été aménagée avec une double structure de 145 cm séparée par un vide d’air et garnie de matériaux acoustiques pour l’insonoriser.
Deux entreprises situées en Creuse
Sur ce chantier, le douglas en lamellé-collé a été fourni par l’entreprise Cosylva, la paille par Maison technique et des tables en douglas ont été créées à partir de bois d’ossature assemblés puis vernis par la société Adam, toutes ces entreprises étant situées en Creuse. «Le but était d’avoir une seule essence à côté de l’OSB», précise l’architecte. Deux extensions en ossature bois ont été créées pour la radio et le fablab, des ganivelles en châtaignier masquent les ouvertures en hauteur de ce dernier et se prolongent sur la façade. Ce bâtiment a obtenu le 1er prix régional construction bois en 2020 pour ses aménagements intérieurs.
Un complexe sportif intégré au paysage
Toujours à Guéret, le complexe sportif municipal Léo Lagrange construit en 2019 s’étend sur 3 540 m2 face au stade pour former un ensemble cohérent et intégré dans le paysage, un chantier à 2,9 millions. Le bâtiment est complété de 50 terrains de pétanque dont 9 en intérieur. La salle omnisports peut accueillir des rencontres de handball, tennis de table et badminton. Les amateurs de grimpe disposent d’un mur de 10 m. Le cabinet d’architecture «Spirale 23» a dû rattraper le dénivelé du terrain, la salle principale est donc «enterrée» par rapport au niveau du stade. La structure et la charpente ont été réalisées en douglas lamel- lécollé par la société Cosylva. «Nous avons mobilisé 280 m3 de douglas du Limousin et d’Auvergne», précise Christophe Gramond, le directeur commercial.
«Les poutres font 24 m de long, 2,20 m de large pour une hauteur de 1,12 m mais nous avons la capacité de fabriquer des poutres jusqu’à 49,50 m.» Le bâtiment a bénéficié d’un traitement de l’étanchéité à l’air, non obligatoire pour ce type de construction, afin d’être très per- formant énergétiquement. L’ossature est en épicéa isolée par l’extérieur avec 200 mm de laine minérale et 6 cm de laine de bois sans pare-pluie. Le revêtement intérieur est constitué de panneaux OSB apparents.
99 kW/h d'électricité revendue
Le bardage à claire-voie en mélèze est composé de 20 km de lames qui ont commencé à griser. Les murs de soutènement de la salle principale sont en béton pour récupérer la pente. «Le bâtiment est raccordé au réseau de chaleur biomasse situé à proximité et alimenté à 80% par des plaquettes», indique Cécile Ripp, l’architecte. «Le gymnase est chauffé à 14 °C par des radiateurs fixés sur les poutres. La façade sud est équipée de panneaux photovoltaïques produisant 99 kW/h d’électricité revendue, une production limitée sur demande des pompiers en cas d’incendie. Il y a encore de la pédagogie à faire car nous pouvions mettre plus.» Deux façades laissent passer la lumière naturelle par des panneaux en polycarbonate colorés.