Les coûts industriels, notamment des besoins énergétiques, ne font qu’accentuer la déprime.
Or, ces trois postes sont de toute première importance pour la filière bois-forêts, tant pour les besoins en volume de bois que pour la bonne vigueur des prix du matériau bois, pièces usinées, bois massif, bois reconstitués et matières premières fibres et énergie, assurant aux producteurs une rémunération satisfaisante pour faire face aux différentes étapes de la production.
Le marché du bois n’est guère impacté, pour le moment, en cette période de reconstitution de stocks, par ces mauvais présages. Par ailleurs les secteurs de l’emballage bois ont toujours des besoins importants en bois.
La demande demeure ferme pour les feuillus, encore hésitante pour certains résineux.
L'export un grand atout
Le grand export à destination de l’Asie accuse un moment de faiblesse – la Chine s’approvisionnera encore plus dans les forêts russes, sibériennes en particulier –, alors que le marché européen est plus ferme pour les feuillus. Par ailleurs, le marché américain draine, à nouveau d’importantes quantités de sciages résineux. Les États-Unis sont devenus le plus grand importateur des sciages résineux suédois.
L’export est un grand atout, car il y a toujours un lieu, un pays où le soleil brille.
Pour les feuillus la situation est bien orientée, à destination des marchés d’Europe Centrale et de l’Italie, ceci tout particulièrement en raison de la réduction, voire plus, des sciages de chêne en provenance d’Ukraine.
Le hêtre de choix est fortement recherché, reprenant des marchés au chêne, comme les escaliers…
Le marché du peuplier se réduit
Le peuplier, pour certains cultivars, produit des bois blancs s’ils sont récoltés jeunes – moins de quinze ans : au-delà, les cœurs se noircissent et l’aspect du bois, donc de son utilisation, sont dépréciés au déroulage, en limitant leur destination industrielle ; de plus, la nodosité doit être limitée, inexistante ou du moins, avec des petits nœuds adhérents, peu nombreux. Le marché s’est quelque peu réduit, retrouvant des cours autour de 60-80 €/m³, selon le cultivar et le tissu industriel, alors que certaines offres en fin d’été dernier pouvaient dépasser 100 €/m³ dans un marché soutenu pour le contreplaqué. Par contre les gros peupliers, 2m³ et plus, s’écoulent difficilement, en sciage voire en déroulage dans des installations qui permettaient de travailler de gros diamètres, traditionnellement pour les grumes de bois tropicaux, mais qui ne sont plus importés en bois bruts.
La demande en chêne est concernée pour les qualités requises par la demande renaissante de la tonnellerie, concurrençant le marché des plots de choix, conduisant à une revalorisation des prix.
Par contre, les choix secondaires en chêne, qui dégagent moins de marge pour les industriels, sont peu demandés. Il s’ensuit une sylviculture appauvrie – déjà connue depuis des années, qui s’était atténuée grâce au grand export, moins sensible aux premiers choix – contribuant à expliquer une raréfaction des ressources de beaux bois, qui ont été souvent récoltés en priorité. Les structures sont amorties sur le présent au détriment de l’avenir.
Pour le châtaignier et le frêne, l’Italie et le grand export restent importateurs de ces choix. Il en est de même pour les essences dites secondaires, qui ne sont plus guère usinées en France.
Pour les résineux, le marché de l’épicéa est mieux orienté, si tant est que l’on puisse trouver une certaine ressource après le tragique épisode des scolytes.
L’export a stimulé le marché
Cette situation a réveillé le marché des sapins, pectiné tout particulièrement, dans les régions possédant une bonne ressource, et par voie de conséquence, un tissu industriel structuré.
Le marché du douglas, après sa chute vertigineuse de l’été, sort de sa torpeur. La demande pour les agencements est sérieuse et laisse espérer une reprise des marchés à court terme. Les prix oscillent autour de 65-70 €/m³ pour les bois sains, sans nécrose cambiale.
Les gros beaux douglas, ayant pour vocation des usages spéciaux, peuvent atteindre des prix autour de 100 €/m³, voire au-delà. Le marché de niche a toutes ses raisons d’être, il faut le trouver. C’est la raison d’être des courtiers. Pour les pins sylvestres et maritimes, hors Gascogne, la demande s’est présentement réduite, conduisant à un réajustement des prix en cette période. Le laricio de bonne venue, donc de qualité, se maintient.
Les pins de second choix ne suscitent guère de demande
Le maritime en région Gascogne fait l’objet d’une demande ferme, avec des prix de 50 à 65 €/m3 sur écorce et sur pied. Les bois incendiés l’été dernier ont une incidence sur le marché local relativement faible pour les plus gros bois qui ont été récoltés en priorité, bénéficiant alors d’une conjoncture favorable.
Dans cet état des marchés des bois plutôt satisfaisant, il convient d’observer les complications opérationnelles qui se manifestent toujours plus par des restrictions et des interdits, entravant les productions forestières nationales. La balance commerciale s’en trouvera totalement affectée, en ayant recours aux produits forestiers importés, mais d’où ?
Ainsi, la dernière trouvaille de la Commission européenne est de remettre en question, sans discernement, en lien avec le débat sur les coupes rases, le caractère renouvelable du bois énergie. On retombe dans les aberrations habituelles des pouvoirs politiques qui ont si bien réussi (sic) en matière des productions électriques et autres énergies, gaz et produits pétroliers.