Spécialisé dans la construction de bâtiments bois, le charpentier Triangle propose une gamme de services et de produits très technique qui va de la conception à la réalisation de chantiers, en passant par la préfabrication en ateliers. Agissant sous forme de Scop, Triangle se nourrit d’une culture participative depuis près d’une quarantaine d’années.
Pas facile de remettre en route une entreprise de cinquante salariés après deux mois de fortes perturbations. Comme pour beaucoup d’entreprises de la construction, l’arrêt total des chantiers du bâtiment pendant une grande partie du confinement Covid-19 a bouleversé le fonctionnement de Triangle. Cette société coopérative des Bouches-du-Rhône a donc tourné au ralenti pendant presque 60 jours.
Désormais, le PDG Gilles Landerer et les salariés-associés de Triangle n’ont qu’une préoccupation en tête : «La question pour nous est de savoir comment retrouver de la rentabilité et absorber les pertes encourues sur les deux derniers mois». Certes, l’entreprise a bénéficié des aides Covid, y compris un prêt de trésorerie de Bpifrance garanti par l’état. Cependant, ces mesures très positives que souligne Gilles Landerer ne seront qu’un cataplasme sur une jambe de bois si l’activité ne revient pas rapidement à son niveau de février 2020.
«Je reste optimiste mais il faut que tout le monde se remette au travail même si cela est compliqué sur les chantiers.» Le dirigeant de Triangle se dit persuadé que la construction bois apporte une réponse pertinente aux questionnements post Covid-19. D’après lui, les arguments du bois ne manquent pas au niveau social, écologie, durabilité, économie circulaire et vertueuse... «Mais nous ne sommes pas seuls sur le marché, nous devons nous battre et défendre notre matériau.»
Bureau d’études pointu, préfabrication optimisée
Ce discours de battant tombe bien. Triangle s’inscrit en effet dans une démarche environnementale d’amélioration continue qui sera sans doute un atout pour remonter la pente. Localisée à Gardanne, à une portée de canon du vieux port de Marseille, la Scop est une entreprise qui se démarque dans le paysage régional. «Nous sommes spécialisés dans la construction de bâtiments bois, de la charpente à la couverture et de l’ossature à la vêture», informe la direction. Outre la création en neuf, Triangle agit aussi dans la rénovation, l’extension, les surélévations. D’après Gilles Landerer, l’entreprise possède toutes les compétences en conception technique, fourniture, taille et pose de structures grâce à un bureau d’études bien pourvu. Deux ingénieurs, assistés de deux techniciens, y travaillent sur Cadwork pour les dessins de projets en 2D et en 3D. Ils bénéficient par ailleurs d’Acord-Bat, un logiciel spécifique construction bois réali- sant tous les calculs de structures et d’as- semblages en 2D et 3D.
«Nous poussons les études techniques très loin afin d’optimiser la préfabrication de nos murs en ossature bois, planchers, modules de façades...» Le PDG de Triangle estime que la préfabrication en atelier, où opèrent une Speed-Cut SC3 et une table d’assemblage, est une des évolutions majeures du métier de charpentier ces dernières années. Conditions de travail plus confortables dans un local fermé, positions plus ergonomiques avec des outils à hauteur d’homme, maîtrise des moindres détails techniques et esthétiques, productivité accrue... La liste des avantages de la filière sèche n’est pas exhaustive.
Cycles courts, produits français
Triangle entend assurer toutes les étapes de la mise en œuvre des chantiers. Cette volonté d’intégration s’est encore affir- mée en 2018 quand la direction a décidé de créer un département menuiserie extérieure. «Auparavant, ce secteur était sous-traité avec plus ou moins de réussite. Désormais, un de nos responsables gère l’ensemble des paramètres qui auront une influence déterminante sur l’étanchéité air-eau du bâtiment.» Il ne s’agit pas ici de devenir menuisier mais de mieux contrôler cet environnement avec un superviseur le maîtrisant complétement.
La direction de l’entreprise dit attacher une grande importance aux cycles courts et à l’origine de ses fournitures. «Nous avons fait le choix de consommer français.» Gilles Landerer affirme que 100% des 1.300 m3 d’épicéa et de douglas consommés annuellement en bois secs (sciages bruts ou bois collés) proviennent de fournisseurs de l’Hexagone, parmi lesquels un groupe de scieurs certifié Bois des Alpes. La sélection des composants de l’enveloppe des bâtiments procède de la même volonté éthique, ici, en employant des produits thermiques et acoustiques biosourcés. «Par exemple, pour ce qui est de l’isolation, nous utilisons de la laine, du chanvre et du coton fabriqués par Biofib, en Vendée», précise le dirigeant de la Scop.
Une démarche environnementale dans l’air du temps
D’autres exemples probants démontrent le penchant de Triangle pour une vraie démarche environnementale : approvisionnement en bois certifiés PEFC et FSC, achat de barres techniques prédécoupées à dimensions, chasse aux gaspis en fabrication et sur chantier, bureaux peu énergivores (< 40 kWh/m2.an), secteur d’intervention limité à 150 km, co-voiturage organisé en interne, parc automobile de véhicules récents avec rejets inférieurs à 200 g/km de CO2.
«Aujourd’hui, nous sommes capables de réaliser de beaux ouvrages en bois mais encore faut-il positionner les matériaux à leur place, apporter des solutions techniques et des plus face à la concurrence», estime Gilles Landerer. Un gros travail de promotion du bois auprès du grand public et de vulgarisation de ses emplois adéquats auprès des prescripteurs reste à mettre en œuvre dans le Sud-Est de la France. Mais le potentiel de développement de ce marché mérite bien ces efforts.
Photo : Triangle, acteur significatif de la construction bois dans le Sud-Est (ici, une réalisation à Fréjus – Var).
