L’institut technologique FCBA organisait récemment à Paris une journée sur le thème des poussières de bois. Outre un rappel du contexte général relatif à cette problématique, cette rencontre fut l’occasion de préciser les récents progrès en matière de méthodologie.
Cet événement a réuni pas moins d’une centaine de participants. Il a été rappelé en préambule qu’en Europe, 3,6 millions de travailleurs seraient exposés aux poussières de bois, qui constituent la deuxième cause de cancer reconnu en maladie professionnelle. Selon une enquête datant de 2010, 370.000 salariés déclarent une exposition aux poussières de bois dont la moitié dans le secteur BTP ; d’après l’INRS, 42% de la population des travailleurs du bois ont été exposés à des concentrations supérieures à 1 mg/m³ (qui est la valeur limite d’exposition professionnelle).
Christian Baudu et Joël Poix, également de l’OPPBTP, ont rappelé que depuis 2013, 157 entreprises volontaires de toutes tailles, appartenant à l’ensemble des métiers du BTP, ont eu recours à un diagnostic de prévention. Sur les 270 cas d’actions de prévention étudiés, on trouve 37 cas de charpentiers bois et 27 cas de menuisiers soit 25% des cas.
Patrick Karman, de la Carsat, est revenu sur certaines recommandations pour un captage et une aspiration efficace, concernant les machines et les systèmes d’aspiration. Il convient ainsi, idéalement, d’approvisionner des pièces propres, d’identifier toutes les sources polluantes y compris les outils portatifs, de s’assurer de l’intégrité et du bon positionnement des dispositifs de captage, de bien définir les besoins, de faire contrôler l’exposition des salariés comme l’exige la réglementation, ou encore de mettre en place une organisation permettant le nettoyage des pièces, machines et locaux par aspiration.
Nouvelles méthodes d’évaluation
Lyne Bricka (FCBA) est intervenue sur le thème des enjeux de la détermination des groupes d’exposition homogènes (GEH) et les outils disponibles. “Aux critères d’évaluation que sont l’émissivité des machines et le niveau de protection collective s’ajoutent deux nouveaux critères, à savoir le nettoyage et la distance par rapport à la source d’émission, afin d’aider les entreprises à définir au mieux le groupe d’expulsion homogène”, explique Lyne Bricka. “Un système de capteurs optiques permet de définir en temps réel les facteurs influençant les poussières autour des machines. Cela doit contribuer à une amélioration de la matrice ED 6221 conçue avec le concours de l’INRS, consistant en un tableau avec quotation pour chaque classe. Chaque GEH comprend 3 mesures réalisées sur 3 campagnes. A l’issue, un organisme réalise l’évaluation afin de voir si la valeur d’exposition professionnelle est dépassée.”
Le projet ProPoBois, portant sur l’enrichissement de la matrice GEH et sur la mise en place d’un protocole de mesures et à laquelle collabore FCBA depuis plusieurs années, a aussi été présenté. Il a permis d’étudier 13 procédés. Isabelle Monnerais (OPPBTP) a présenté les résultats de deux cas d’étude : une scie à format et un centre d’usinage à commande numérique. ProPoBois a ainsi permis de mettre au point une méthodologie de caractérisation de l’émissivité des machines, d’enrichir la matrice GEH et d’améliorer les connaissances sur la métrologie en temps réel.
Cette journée a été riche en échanges entre fabricants de machines, industriels de la filière et organismes tels que FCBA, l’OPPBTP, l’INRS, et la Carsat.
“Une nouvelle perspective semble s’ouvrir pour une collaboration de tous sur un sujet important pour la filière”, estiment ainsi les organisateurs.
Photo : “Aux critères d’évaluation que sont l’émissivité des machines et le niveau de protection collective s’ajoutent deux nouveaux critères, à savoir le nettoyage et la distance par rapport à la source d’émission, afin d’aider les entreprises à définir au mieux le groupe d’expulsion homogène”, explique Lyne Bricka, de FCBA.
