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Manque d’eau récurrent et ravageurs : la forêt souffre et la filière est sur le qui-vive

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Les épicéas continuent d’être ravagés par les scolytes ; les sapins, les pins sylvestres et les hêtres souffrent et dépérissent pour certains. Les effets de deux années de sécheresse consécutives se font gravement sentir en forêt. La gestion de l’exploitation d’urgence des épicéas atteints par les scolytes et de l’absorption de ceux-ci par l’industrie est toujours le point de mire des autorités et des professionnels, mais les questions relatives au modèle de production futur sont de plus en plus prégnantes. Elles se posent dans toute l’Europe. Une aide d’État pour la forêt est partout sollicitée : en Allemagne, à hauteur de 2,3 milliards d’euros !

Les épicéas sont attaqués par les scolytes ; les sapins, les pins sylvestres aussi. Et même les hêtres souffrent, voire dépérissent. La situation de la forêt est très préoccupante, tout particulièrement en France celle de la forêt du Nord- Est — au climat plus continental — qui fait écho à celle de la forêt des voisins suisses, allemands et belges et des autres pays plus à l’Est ; mais aussi celle des Hauts-de-France, de la Normandie, de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à laquelle la pullulation de scolytes de l’épicéa s’étend aussi désormais. Ce sont les effets conjugués d’un printemps et d’un été 2018 exceptionnellement chauds et secs qui se font sentir un an après — alors que des épisodes de sècheresses et de chaleur localement importants avaient été subis déjà de 2015 à 2017.

Si la sécheresse génère rapidement des signes précoces de stress (jaunissements, rougissements et chutes de feuilles) des symptômes d’affaiblissement leur succèdent dans le moyen et le long terme. Des mortalités disséminées non dues à des agents biotiques ont été observées au printemps 2019 sur pin sylvestre, sapin et douglas. Surtout, les arbres affaiblis sont attaqués par les insectes et les champignons. Outre les scolytes sur les épicéas, des ravageurs ont proliféré sur les pins (sténographes et buprestidés, hylésines, pissodes et acuminés, et un champignon, le sphaeropsis des pins), provoquant décollements d’écorces et mortalités d’arbres – surtout dans le Nord, en région Centre Val de Loire et en Île-de-France, indiquait le département Santé des forêts (DSF) fin juillet – et sur les sapins (scolytes du sapin et pissode) – en particulier dans les Vosges, le Jura et le Massif central, mais également dans les Alpes et les Pyrénées. Par malchance les conditions météorologiques sèches et chaudes de l’été 2019 ont accentué les stress et donc le développement des ravageurs. «Pour les feuillus, on observe des mortalités exceptionnelles de hêtres adultes depuis le printemps 2019 (arbres adultes qui n’ont pas ou très peu débourré), en plus des rougissements des arbres. Ce phénomène touche le Grand-Est et la Bourgogne-Franche-Comté, en particulier l’axe Belfort-Gray. Et il passe les frontières, indiquait aussi le DSF fin juillet, qui se voulait rassurant en indiquant que jusqu’alors peu de parasites du hêtre pouvant potentiellement profiter de la situation (scolytes, agriles, phytophthoras, agents de chancre et pourridiés racinaires) avaient été enregistrés par ses correspondants.

Cartes, charte et décrets

La pullulation des scolytes de l’épicéa est sans conteste la plus virulente, qui fait dire à certains gestionnaires forestiers que la situation est pire qu’après la tempête de 1999. Les actions prioritaires ne sont pas moins compliquées à conduire : évacuer au plus vite les bois malades afin d’interrompre le développement des larves et éviter ainsi toute contamination supplémentaire et organiser la commercialisation des bois scolytés avant celle des bois sains afin de ne pas saturer le marché (l’afflux de bois dépérissants en France comme en Europe ayant entraîné une chute des prix des ventes de bois de l’automne 2018). La mobilisation des acteurs professionnels et d’êtat se poursuit. Les préfets des régions Bourgogne Franche-Comté et Grand-Est ont publié des arrêtés préfectoraux "relatifs à la lutte contre les scolytes de l’épicéa commun dans les peuplements atteints." respectivement les 26 et 29 juillet dernier. Ils obligent les propriétaires, sous peine de sanctions pénales (prévues par l’article L-251-20 du code rural), à des mesures curatives (reconnaissance, abattage et prise en charge des .pic.as sur pied abritant des scolytes vivants, devant être évacués à plus de 5 km de tout massif forestier ou écorcés ; et à défaut évacuation hors de la forêt des bois scolytés secs à des fins de prévention du risque d’atteinte au personnes) et des mesures préventives (évacuation à plus de 5 km de tout massif forestier ou stockage sous aspersion ou écorçage des épicéas sains dans toutes les coupes en cours, dans les 6 semaines après abattage d’avril . octobre et avant fin avril pour les exploitations de novembre à mars) […]

Photo : La Charte de gestion des crises «Scolytes» 2019 a été élaborée par les interprofessions du Nord-Est avec les professionnels.

Voir notre édition verte, Le Bois International, Scierie, exploitation forestière N°30…

 

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