Recevoir la newsletter

Magazine

Lorraine / Les Défis du bois : production de micro-architectures multiservices en milieu rural

Image

Le concours des Défis du bois, co-organisé par l’Enstib et l’École d’architecture de Nancy, invite désormais les étudiants à produire des micro-architectures destinées à être utilisées. Il se base sur un nouveau modèle économique, les structures étant pré-acquises par un partenaire, cette année la communauté de commune de la Vôge vers les rives de la Moselle. Le professionnalisme est de rigueur, et les Compagnons du Devoir ont rejoint les élèves architectes et ingénieurs sur le chantier hors du commun des Défis 2016.

«Tutti Modular est une micro-architecture qui prendra vie en milieu rural. Elle s’implantera partout et sur tous types de terrains. Au bord d’un étang, sur la place du village, près de la mairie, à côté de la salle des fêtes, du gymnase, aux abords du petit patrimoine rural (lavoir, four…), dans un parc public… Tutti Modular répondra à la plus grande diversité d’usages. Si la fonction est variée, il s’agit d’offrir un espace protégé et accueillant. Ainsi l’habitacle est une petite pièce équipée d’une porte de service, d’une grande ouverture, de rayonnages intégrés aux parois intérieures et d’un comptoir amovible.» Tel a été le cahier des charges pour les dix équipes d’étudiants et de Compagnons qui se sont portées volontaires pour relever les Défis du bois 2016, et qui ont commencé à travailler bien en amont de la semaine de chantier, qui s’est déroulé du 16 au 23 avril, au sein de l’École nationale supérieure des technologies et industries du bois (Enstib) d’Épinal.

Promotion de la filière

Le concept de ces «micro-architectures pouvant être un stand pour une manifestation sportive ou culturelle le temps d’un week-end, devenir un espace de vente temporaire pour un producteur local une à deux fois par semaine ou un espace d’information touristique et encore un lieu d’exposition et de vente pour l’artisanat local», a été défini avec un maître d’ouvrage, la communauté de communes de la Vôge vers les rives de la Moselle (C2VRM), qui regroupe 11 communes et 15.268 habitants. «Après dix ans de défis, nous avons réfléchi l’an dernier, compte-tenu du coût de la manifestation, à un nouveau modèle économique, et à produire non plus des structures éphémères mais des micro-architectures, pouvant être vendues», expliquait Pascal Triboulot, directeur de l’Enstib. Pour Philippe Eymard, président de la C2VRM, et l’ensemble des vice-présidents, très engagés dans la politique bois du territoire aux côtés du PER Bois feuillu porté par le pays d’Épinal cœur des Vosges, «il est apparu évident de s’associer à cette manifestation». Le programme a été conçu en accord avec des besoins réels : besoins en termes d’image, celui d’exprimer la volonté de développement de la filière bois sur la C2VRM, qui montre et utilise au maximum dans ses projets et ses réalisations le bois et le bois local (11 bâtiments en structure bois construits depuis 2008) ; besoin de structures fabriquées pour valoriser les produits locaux et les circuits courts, et pour la politique touristique et d’animation du territoire. «Il s’agit aussi de mettre en avant les compétences et les savoir-faire de nos universités vosgiennes, cette modernité alliée aux racines rurales de nos territoires correspondant tout à fait à la politique de développement de la C2VRM», ont expliqué les élus.
La semaine de chantier des Défis du bois a d’ailleurs été l’occasion de faire mieux connaître l’école d’ingénieurs bois aux enfants, aux jeunes et moins jeunes vosgiens. «Durant toute la semaine, l’accueil des écoliers en primaire de tout le territoire a été organisé, et un prix des enfants est d’ailleurs décerné cette année ! Plusieurs conférences publiques ont eu lieu dans l’amphithéatre de l’Enstib, notamment une sur l’histoire du compagnonnage, animée par la directeur de la Maison de l’outil de Troyes, et une sur l’architecture bois dans le monde, organisée par le CNDB», notait Pascal Triboulot. Le chantier de construction des 10 micro-architectures était au centre de toute cette effervescence, et c’était donc un cahier des charges très intense sur le plan de la promotion de la filière bois qui a été proposé aux jeunes participants aux Défis.

Un «gros» chantier

Mais bien sûr, le cahier des charges comprenait aussi des éléments techniques : les constructions devaient être «étanches à l’eau, tenir compte d’une charge de neige lors de [leur] remisage ou de [leur] activité en période hivernale», et «être facilement transportables, les dimensions extérieures s’inscrivant dans le gabarit routier d’un camion soit 2,50 m de large, 4,40 m de long et 3,10 m de haut, pour un poids total ne devant pas excéder 2 tonnes». La construction devait en outre être conçue pour être soulevée, transportée et pour résister à des vents de 90 km/h. Et sans aucun doute, c’est le défi technique qui absorbait les étudiants et compagnons le vendredi 22 avril, à quelques heures de la clôture du chantier, et la veille de la présentation au jury, présidé cette année par Véronique Klimine, architecte spécialiste du bois (agence RK2). Chaque équipe à l’œuvre était composée de trois étudiants du master 2 génie civil, spécialité architecture bois construction, cohabilité par l’école d’architecture de Nancy et l’Enstib (élèves-ingénieurs de 3e année, élèves architectes, architectes), d’un architecte ou étudiant d’une université étrangère, et d’un Compagnon charpentier. Elle avait imaginé et conçu sa structure durant le premier semestre, grâce à une plateforme virtuelle collaborative – permettant de déposer des documents et échanger entre membres de l’équipe, et avec les équipes pédagogiques, regroupant enseignants et professionnels –, et désormais, il s’agissait de la fabriquer, à partir de matériaux fournis par des sponsors, et notamment Martin bois et charpentes, de Toul, pour le bois et les matériaux dérivés. «D’une manière générale, sur les chantiers de construction, les Compagnons font partie intégrante des équipes, au même titre que les architectes et les ingénieurs ; nous avons formalisé une collaboration avec les Compagnons du Devoir qui apportent leur savoir-faire, alors que le niveau d’exigence technique est plus élevé désormais». Sur le chantier, cette mixité de profils enchantait les participants : «D’habitude, nous n’avons pas de réels contacts avec les architectes et ingénieurs sur les chantiers», remarquait Vincent, jeune Compagnon en tour de France. «C’est une expérience très enrichissante». Luciana, architecte et urbaniste à l’université de Lavras, au Brésil, où elle œuvre à développer une section bois-construction lançait, enthousiaste : «Je voudrais suivre un an durant le compagnon de notre équipe : il sait tout ce que je désire savoir !». «Le défi pour moi a été la quantité d’ouvrages différents à regarder, apprécier, accompagner», commentait pour sa part Laurent Premier, de l’équipe encadrante, salarié d’une entreprise (Compagnon sédentaire), présent en accompagnement des jeunes des Compagnons du Devoir sur les Défis. «Avec une cinquantaine de jeunes, c’est un «gros chantier», soulignait-il. Le délai court a été l’aiguillon majeur pour résoudre des problèmes de dernière minute : défaut d’étanchéité sur une toiture gauche, portes un peu lourdes, polycarbonate qui se cintre mal, etc. ; chaque équipe a eu son lot de découvertes et de défis à relever. Les jeunes œuvraient en charpente, mais aussi en couverture, et en d’autres corps de métier, avec le passage des fluides, par exemple. «L’exercice pédagogique a gagné en qualité», notait Pascal Triboulot. Le résultat, magnifique et étonnant, tout un chacun pourra le découvrir au fil de la Moselle et au creux des collines de la Vôge prochainement, en même temps que la vie et la culture locales.

Fabienne Tisserand

Construction bois

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15