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Les industriels de Génie de l’habitat anticipent la construction de demain

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«Enjeux de la construction – Habitat de demain» : les partenaires du cluster Génie de l’Habitat – dont nombre du secteur bois – se sont réunis le 14 février 2020 dans les locaux de groupe Schmidt à Sélestat (67) pour réfléchir aux résultats de l’étude prospective réalisée par BPI France «Construire le bâtiment de demain». BIM, industrialisation, nouvelles manières de vivre transformant l’habitat : ces trois sujets résument les grands axes de transformation pour les entreprises.


Selon Angélique Gasmi, «nous observons plusieurs changements dans la société qui vont définir l’habitat du futur : des nouveaux modes de consommation (participatifs, collaboratifs, connectés, durables) ; des nouveaux codes du vivre ensemble (intergénérationnels, partagés) ; l’évolution de la composition de la cellule familiale (monoparentale, recomposée)».«L’habitat sera indéniablement respectueux de l’environnement, autonome en énergie, intelligent, modulable et respectueux de l’usager», résume-t-elle. Elle est la directrice générale du cluster Génie de l’habitat, et sait de quoi elle parle : cette structure – qui possède cette caractéristique importante d’être le fait d’industriels – est à la pointe en matière de veille sociétale et technique sur le sujet de l’aménagement et de l’équipement intérieur, notamment.


Génie de l’habitat

L’histoire de Génie de l’habitat remonte à douze ans, quand naît le Pôle aménagement de la maison (Pama). Il s’agit alors d’une structure publique/privée. A partir de 2017, un certain nombre d’industriels alsaciens décident de poursuivre l’aventure, mais uniquement grâce à leurs propres fonds désormais. Ils sont réunis autour d’une ambition commune qu’Angélique Gasmi décrit ainsi : «Imaginer, concevoir, équiper et décorer des lieux de vie privés, professionnels et publics et aider les gens à vivre sain, serein et mieux à la maison, à l’hôtel, au travail...» Comment : par l’intelligence collective, un des maîtres mots du cluster selon sa directrice. «Le but de Génie de l’habitat est de stimuler l’innovation et de la partager avec le plus grand nombre, afin de servir le besoin de singularité de chacun.» Regroupement d’acteurs économiques, la structure mutualise les coûts relatifs aux actions décidées collectivement : les moyens sont démultipliés.


Né en Alsace, Génie de l’habitat s’ouvre rapidement à des acteurs de toute la France, mais la vision reste semblable. Un label du même nom que le cluster est créé pour la préciser : il est attribué aux entreprises françaises de l’habitat qui conçoivent et fabriquent en France, qui partagent la vision commune, qui sont engagées dans l’innovation, le respect de l’usager et de l’environnement. Le cahier des charges pour intégrer le cluster s’appuie ainsi sur deux axes : la territorialité des activités (R&D en France, design en France, fabrication en France) ; la nature des solutions proposées, qui doivent être à la fois innovantes, accessibles à tous, faciles à installer et à utiliser. D’une manière générale, Génie de l’habitat développe des outils partagés diversifiés notamment dans tous ces domaines listés par Angélique Gasmi : mise en relation (entre acteurs, intermédiation d’affaires...), performance, innovation (accompagnement pour développer l’innovation produits), croissance (accompagnement pour accéder à des marchés en croissance : prescription...), experts (accès et mises en relation), conférences (accès aux conférences d’experts sur des sujets liés à la transformation de l’entreprise), formation, exposition et rencontres avec des prescripteurs qualifiés, accès aux ingénieurs grandes écoles, accès à la veille et études partagées, observation des usages.



Demain, la construction

Le 14 février, c’est une conférence qu’ont partagé 150 partenaires de Génie de l’habitat, dans les locaux du groupe Schmidt de Sélestat (le groupe assumant la vice-présidence du cluster). Celle-ci s’est intitulée «Enjeux de la construction – Habitat de demain». Elle a été organisée en partenariat avec BPI France – à l’origine de l’étude du même nom – et le pôle Fibres Energivie. Les auditeurs se sont vu détailler les trois principales conclusions de l’étude BPI France : la construction va être trans- formée par l’utilisation du BIM et par une mutation vers l’industrialisation, les nou- velles manières de vivre vont transformer le bâtiment.

«L’utilisation du BIM est indispensable pour répondre aux enjeux du secteur de la construction», résume Angélique Gasmi. «Il sera une partie intégrante du bâtiment de demain, en le suivant de sa conception, son exploitation/maintenance jusqu’à sa déconstruction. Les bâtiments conçus et rénovés seront alors optimisés, adaptés aux nouveaux usages, et en économie circulaire.» Cette maquette numérique 3D ou double virtuel du bâtiment suppose, pour tous les acteurs de la construction, de travailler en mode collaboratif. Si elle doit permettre une conception optimisée et un gain en rentabilité pour les entreprises, encore faut-il qu’existe une offre française de plateforme numérique forte et sécurisée pour faciliter l’accès de tous les acteurs à des données du BIM communes. «La filière doit garder sa souveraineté sur le sujet, en conservant sa valeur ajoutée et en faisant barrière aux Gafa», telle fut l’une des conclusions formulée lors de la réunion. «S’inspirer du modèle anglo-saxon et des pays nordiques permettrait d’accélérer l’adhésion au BIM en France, en imposant progressivement l’emploi du BIM aux ap- pels d’offres publics, et en soutenant et faisant émerger des bureaux d’études de la construction «champions du BIM». Pour l’instant, «la plupart des études montrent un taux de pénétration du BIM dans les projets de construction dans une fourchette entre 15 à 50% principalement en amont des projets neufs», a-t-il été souligné. Et aussi qu’il existe une forte disparité entre grandes et petites entreprises...

Gagner en productivité avec le BIM


Si l’ombre numérique du BIM se profile comme un incontournable du bâtiment de demain, elle aura des répercussions en dehors du domaine virtuel, en impliquant une plus forte industrialisation du secteur. «Avec le BIM, les bâtiments de demain seront de plus en plus préassemblés en usine et la part de main d’œuvre sur chantier va diminuer. Il y aura alors moins de place pour les aléas sur chantier, ce qui favorisera une meilleure maîtrise des délais et coûts de construction. Ces gains de productivité permettront de construire de manière optimale et d’absorber le défi de la massification à venir des rénovations.» Pour les entreprises, un des corollaires à cette préfabrication est le déplacement des compétences du chantier vers le bureau d’études et l’usine. «Une montée en compétences sera donc néces- saire, et un plan d’action avec les fédérations sur la formation est clé», conclut Angélique Gasmi. Parallèlement à l’évolution des entreprises, une évolution des bâtiments va intervenir, en lien avec de nouveaux modes de vie – coliving, coworking, nouvelles mobilités, contraintes d’urbanisation – et naturellement la nécessaire transition énergétique et écologique. «Avec l’essor de la préfabrication aux côtés des procédés constructifs traditionnels qui évoluent, les matériaux utilisés seront plus diversifiés et associés : bois, béton bas carbone, matériaux biosourcés, métal...» Le bâtiment connecté se profile : «Les bâtiments seront conçus, exploités et rénovés grâce au BIM et aux données collectées par le smart-building, en collaboration avec l’usager. Jusqu’ici isolés, ils seront intégrés et interconnectés dans la smart-city et ses infrastructures», ont souligné les intervenants le 14 février en Alsace. Les évolutions réglementaires doivent être ambitieuses, telle a été une conclusion de la rencontre.


Tourné vers un futur qu’il s’emploie à façonner, comme l’a montré la première conférence 2020, le collectif d’entreprises familiales françaises Génie de l’habitat a déjà marqué le paysage du domaine de la conception, de l’aménagement, de l’agencement et de l’ameublement des lieux de vie. Il a par exemple été en pointe sur la «silver economy», en travaillant sur des intérieurs adaptés aux personnes à mobilité réduite. A l’heure actuelle, le cluster planche sur le sujet de la sécurité des en- fants dans l’habitat. Le programme, ayant été baptisé child@security, vise à proposer une offre de solutions innovantes, pour sécuriser l’enfant à domicile, à la crèche et en tout lieu de vie recevant les enfants. Autre sujet travaillé collectivement, et qui concerne le fonctionnement de toutes les entreprises du secteur : la qualité de la pose, y compris dans ses aspects relationnels avec le client. Le cluster est à l’origine d’un diplôme universitaire savoir-être, ac- cessible aux ouvriers et collaborateurs peu qualifiés.

Photo : Lors de la restitution de l’étude prospective «Construire le bâtiment de demain» par les équipes de BPI France, Génie de l’habitat et le pôle Fibres Energivie.

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