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Le Sri Lanka face au défi de la modernisation de sa filière bois

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Contrairement à beaucoup d’autres pays tropicaux, la déforestation a été endiguée au Sri Lanka. Cependant, les conditions de travail en forêt restent précaires pour les hommes qui opèrent avec du matériel obsolète. La modernisation de la filière s’impose.

Au temps des Indes portugaises, l’île apparaissait sur les cartes marines sous l’appellation de Ceylan. Depuis 1972, elle se dénomme Sri Lanka ou «Pays resplendissant» en langue cinghalaise. L’endroit n’a pas volé cette distinction flatteuse. Le Sri Lanka jouit en effet d’un environnement naturel attrayant.

Outre la richesse de sa biodiversité, l’île bénéficie d’une position stratégique de 1er choix à la croisée des routes maritimes entre l’Asie et le Moyen-Orient. Au nord, l’extrémité méridionale de l’Inde est toute proche. À l’est, le puissant voisin chinois n’est pas loin. Depuis les accords de paix signés en 2009 entre les séparatistes tamouls du Nord et les nationalistes cinghalais du Sud, le pays peut enfin se consacrer au développement de son économie dont la croissance annuelle a progressé de 3,6% en moyenne sur les trois derniers exercices. Cet emplacement sans pareil et la paix enfin recouvrée intéressent désormais de nombreux investisseurs étrangers et une foule de touristes attirés par sa végétation souvent luxuriante.

Au XXe siècle, les 3/4 des forêts ont disparu

Pourtant, la forêt a bien failli disparaître de Ceylan. Quand les Portugais ont débarqué en 1505, l’île était presque entièrement verte. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le manteau boisé recouvrait plus de 80% du territoire insulaire. Ce n’est qu’après que les choses commencèrent à se gâter sérieusement.

Au cours de la première moitié du XXe siècle, les déboisements ont atteint un tel rythme qu’en l’espace de 70 ans, le pays a perdu plus de la moitié de ses forêts. Quand le tournant du nouveau millénaire est arrivé, 40.000 hectares boisés partaient encore en fumée chaque année. Et moins d’un tiers de l’île restait garni d’arbres. En l’espace d’une centaine d’années, plus de 3 millions d’hectares de forêts étaient rayés de la carte de Ceylan (lire le Zoom : «Les forêts du Sri Lanka»).

Les raisons de ce désastre écologique sont communes à tous les pays pauvres de la planète. Au Sri Lanka, comme ailleurs sous les tropiques, les populations rurales les plus déshéritées s’approprient des parcelles forestières et les déboisent par brûlis pour installer des cultures vivrièresitinérantes. C’est une question de survie. Outre les incendies et le pacage incontrôlé du bétail, d’autres pestes embrasent la forêt tropicale : déforestation sauvage, changement illicite de nature de culture, exploitation de mines et de carrières non autorisées, coupes illégales, trafic clandestin de bois…

Une nouvelle forêt en croissance

Heureusement, le Sri Lanka est un des rares pays de la ceinture tropicale où les autorités ont su réagir. L’embargo décidé en 1990 par le gouvernement sur les coupes en forêts d’Etat – soit 94% des surfaces boisées du pays –, et d’autres règlements conservatoires en 1995 ont considérablement réduit l’hémorragie. Le plan de reboisement qui accompagna ces mesures (au rythme de 4.000 hectares plantés/an), lança le signal de la reconquête forestière à laquelle les populations de certaines zones sensibles sont désormais associées.

Aujourd’hui et selon la FAO (1), la déforestation est stabilisée. Si quelques déboisements sauvages se poursuivent, les surfaces plantées compensent les pertes. D’ici 2030, le gouvernement espère même une reconquête territoriale. De nouveaux arrêtés de protection et de restauration ainsi que l’assistance financière extérieure (dont le programme UN-REDD) pourraient contribuer à atteindre un objectif de 32% de taux de boisement dans une dizaine d’années.

Il faut dire qu’au Sri Lanka, la forêt ne demande qu’à prospérer. L’orographie marquée de l’île se caractérise par un massif montagneux central culminant à 2.524 mètres d’altitude au mont Pidurutalagala. Sur les hauteurs, les précipitations atteignent 1.850 mm/an, elles s’abaissent à 750 mm/an dans les régions les moins arrosées. Les formations boisées bénéficient d’un climat tropical aux influences maritimes générant le régime des moussons venant de l’océan Indien et de la baie du Bengale. Toutes les conditions édaphiques sont donc réunies pour que les arbres poussent […]

(1) Food and Agriculture Organization

Photo : Près de 90% de la récolte partent en bois de chauffe.

Voir notre édition verte, Le Bois International, Scierie, exploitation forestière N°33…

Exploitation forestière

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