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En direct avec… / Cyril Le Picard, président de France bois forêt

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LBI - Vous avez été élu président de France bois forêt le 3 juin dernier, succédant à Laurent Denormandie, quels sont vos projets prioritaires ?

Cyril Le Picard : Il est encore un peu tôt pour que je puisse définir une véritable stratégie, mais je veux appliquer quelques grands principes :

- mettre en valeur le bois et ses utilisations ;

- rassembler toute la filière au sein de France bois forêt en donnant à chacun un objectif et une responsabilité ;

- faire avancer une vision économique de la forêt et du matériau bois.

LBI - Qu’en est-il de la collecte de la CVO, dont le montant théorique était estimé à 10 millions d’euros (pour une collecte effective de 7,5 millions d’euros en 2014) ?

L. P. : Je peux vous assurer que par respect pour ceux qui contribuent à la CVO, et surtout pour empêcher toute distorsion de concurrence, nous mettons tout en œuvre et par tous moyens de droit mis à notre disposition, pour faire en sorte d’obtenir les régularisations des derniers récalcitrants…

Il reste bien sûr quelques «mauvais payeurs», mais nous avons déjà régularisé beaucoup de situations… nous resterons discrets, vous le comprendrez. Nous souhaitons aussi communiquer plus pour sensibiliser les acteurs de la filière à la nécessité de contribuer à nos actions, mais aussi pour remercier les contributeurs, leur expliquer où vont leurs contributions. Nous avons beaucoup progressé dans ce domaine depuis trois ans.

LBI - Et concernant les particularismes régionaux ?

L. P. : Nous allons travailler avec le Comité interprofessionnel du pin maritime (CIPM), qui rassemble différentes composantes représentatives du pin maritime mais attention à prendre en compte la situation bien connue de la France… On recense plus de 136 essences d’arbres sur notre territoire, il faut donc nous projeter dans le futur et surtout viser l’efficacité. Les mentalités sont en train d’évoluer très vite… Ce qu’il faut c’est le respect et la confiance entre nous.

LBI - La Cour des comptes, dans son rapport d’octobre 2013, avait recommandé, je la cite : «de ne pas conserver de réserves abondantes» et suggéré également de modifier les modalités «d’engagements des programmes» comment avez-vous envisagé ces sujets ?

L. P. : Il ne faut pas oublier que France bois forêt vient de fêter ses dix ans en 2015, tout était à créer au départ, FBF avait pour mission d’expliquer le pourquoi d’une contribution volontaire obligatoire dite «CVO» ; il fallait bien entendu organiser la collecte de la CVO dont le montant était au départ estimatif ; il fallait aussi répondre aux attentes très nombreuses des demandes de financements de programmes présentées par les fédérations, les syndicats, les unions professionnelles, etc. Les trois mandatures précédentes ont eu à relever ces défis et en 2014 nous avons adapté nos modalités de comptabilisation des programmes en accord avec notre contrôleur d’Etat (CGEFI), les commissaires aux comptes et le conseil d’administration. On peut dire que tous les fonds disponibles ont été affectés à des programmes prioritaires.

Notre ambition est de faire encore mieux en 2016.

Nous préparons le budget 2016 dès à présent avec la clôture des réceptions des dossiers de demandes de financements fixé au 30 septembre 2015 à minuit.

Aujourd’hui, l’équipe réduite du siège est composée de trois personnes dévouées qui sont au service des professionnels, à leur côté une équipe à Lille réceptionne les appels et les règlements de la CVO.

Nous avions décidé en septembre 2011 de rapprocher le siège de FBF en nous fixant aux côtés des équipes du Codifab. C’est maintenant chose faite depuis mai dernier au cap 120 à Paris et d’autres structures sont maintenant regroupées. Cap 120 devient un espace positif, communicatif et tourné vers l’avenir.

LBI - Un rapprochement avec le Codifab est-il envisageable ?

L. P. : Comme chacun sait, le Codifab est un organisme de collecte de la taxe affectée, FBF est l’interprofession nationale reconnue par les pouvoirs publics, c’est un tout autre registre.

Tout ce que je peux vous dire c’est qu’on ne peut pas rester ainsi, on est plus fort ensemble ! Nous ne sommes pas aussi performants auprès des élus et services de l’Etat lorsque l’on s’exprime à plusieurs voix. Notre filière est composée d’organisations représentatives et cohérentes naturellement, «de la graine au négoce», nous devons parler d’une seule voix pour valoriser nos atouts et défendre nos intérêts en France et face à la conjoncture internationale.

Nous avons formé un groupe de travail au sein du conseil d’administration chargé uniquement du rapprochement de tous les acteurs.

En premier lieu nous allons commencer à travailler sur les statuts de notre interprofession nationale. La nouvelle Loi d’avenir a introduit la notion de sections spécialisées que nous devons intégrer dans notre structuration mais surtout, après dix ans d’existence, il est légitime d’adapter nos textes à l’économie qui évolue sans cesse.

LBI - Comment les choses s'articulent-elles avec France bois régions ?

L. P. : France bois régions est une des forces vives de France bois forêt, elle est le maillage essentiel du territoire national pour nos métiers. Nous avons dans notre conseil d’administration la présence du président de FBR, et dans chaque comité technique de FBF un représentant de FBR qui participe par des dialogues constructifs aux choix stratégiques.

Par exemple, nous accompagnons un programme très important des prescripteurs bois français avec un contrat avec les interprofessions concernées en région et une coordination au niveau national des actions menées.

LBI - Dans le cadre des dossiers prioritaires à mener, faut-il attribuer un soutien à la plantation forestière ?

L. P. : Pour les plantations, le budget du ministère ne va pas nous aider mais il y a d’autres sources possibles de financement comme le Fonds chaleur et son programme Dynamic bois. Il y a eu 93 projets structurants proposés pour 171 millions d’euros dont 10 millions d’euros iront à des plantations. C’est un test grandeur nature de la capacité de la filière à se mobiliser quand il y a de l’argent. Il y a aussi le fonds porté par l’ensemble des coopératives, «Plantons pour l’avenir», et le fonds de la caisse des dépôts. D’une manière générale le sujet des plantations ou reboisement est certes une thématique interprofessionnelle au sens le plus large, mais n’est pas éligible à la CVO.

Donc, nos priorités sont d’analyser et de financer tous les projets présentés par nos fédérations sous deux conditions : qu’ils respectent la stratégie de FBF et qu’ils rentrent dans le budget. Le tout voté en conseil d’administration.

LBI - Fin juillet, l'Assemblée nationale a voté en faveur d'une augmentation significative de la taxe carbone qui passerait de 14,50 euros la tonne de CO2 actuellement à 22 euros l'année prochaine, puis à 56 euros en 2022 et jusqu'à 100 euros en 2030. La filière forêt-bois peut-elle espérer en bénéficier ?

L. P. : Cette fois ci, il ne faudra pas la rater. Elle doit revenir à la forêt et à l’utilisation du bois.

LBI - Quelle vision de l’avenir avez-vous pour France bois forêt ?

L. P. : France bois forêt entre dans l’âge de sa maturité, il faut aller encore plus loin et devenir une vraie référence pour notre filière.

Donc il faut bien sûr savoir ce que l’on veut, il faut ensuite avoir le courage de le dire, il faut enfin l’énergie de le faire ! Et tous les membres actifs et associés de FBF ont cette énergie réalisatrice.

LBI - Et pour l'immédiat, un mot de conclusion ?

L. P. : Dans un article de la revue Capital du mois d’août, «la France métamorphosée en 2025», il n’y a pas un mot sur notre filière d’avenir ! Alors que les conférences sur le climat s’annoncent à Paris et que le rôle de la filière forêt-bois pour les générations présentes et futures est fondamental dans les domaines de l’emploi, de la construction, de l’innovation et du climat.

Devenons une filière de référence et venez nombreux à notre colloque placé sous le haut patronage du président de la République le 5 novembre au CESE, intitulé «Investir pour l’avenir !» ainsi qu’au colloque organisé par Fransylva organisé le 13 novembre prochain.

Propos recueillis par Nathalie Jaupart-Chourrout

Exploitation forestière

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