Financée par France bois forêt, le Codifab et le ministère de l’Agriculture en partenariat avec l’ONF et des scieurs de hêtres, l’élaboration de la règle visuelle de caractérisation du hêtre français est achevée, ouvrant la porte au marquage CE et à une utilisation en construction du hêtre, qu’ont préparé de nombreux chantiers pilote et développements industriels.
«Le développement du hêtre dans les usages structurels nécessite comme préalable de qualifier l’essence dans ce type d’emploi. Cette démarche est indispensable pour positionner l’essence dans le classement en emploi structurel en tant que bois massif et contrecollé, et pour ouvrir ainsi la possibilité du marquage CE obligatoire pour les sciages de structure depuis le 1er janvier 2012», indique Jean-Denis Lanvin, chef de projet Qualité des bois à FCBA, institut technologique auquel France bois forêt, le Codifab et le ministère de l’Agriculture en partenariat avec l’ONF, ont confié la mission de caractérisation de cette essence. Mission accomplie :
FCBA a proposé cet été une règle de classement du hêtre selon la norme de classement par méthode visuelle française (NF B 52 001-1 & 2) en classes de résistance selon la norme EN 338 de décembre 2009 :
• classe hêtre H1-1 – D40, classe hêtre H1-3 – D24 ;
• classe hêtre H2-2 – D35, classe hêtre H2-4 – D18 ;
• classe hêtre L0 – D45.
Les combinaisons de classes de hêtre utiles aux industriels avaient été définies avec ceux-ci lors d’une réunion en mai 2015 : D45 (classe destinée aux produits reconstitués, BMR, BLC), D40-D24, D35-D18 (classes destinées aux sciages structurels). La règle de tri a été publiée dans le rapport FCBA «commission française BF 002» référencé LBO/JDL/403/15/295 08/08/2015. Elle a été présentée à la commission française BNBA BF 002 pour une introduction du hêtre dans la norme française NF B 52 001 puis passera entre celles du CEN TC 124 TG1 pour une introduction de l’essence hêtre dans la norme européenne EN 1912 !
2.300 avivés
lus de 2.300 avivés ont été réceptionnés entre juillet 2013 et septembre 2014 à FCBA Bordeaux, après que l’organisme eut sélectionné 21 placettes en liaison avec l’ONF et 98 grumes représentant statistiquement la sylviculture du hêtre français, et que ces grumes fussent récoltées, billonnées (218 billons) à la longueur désirée – chaque billon étant référencé – puis sciées par des scieries partenaires. Les caractéristiques physiques de ces 2.300 planches (3 sections) ont été relevées tout d’abord : accroissement, masse volumique, nodosité, pentes de fil, fentes (presque un dixième des planches ont été éliminées à cause des déformations dues au séchage). Puis les essais de flexion ont été conduits jusqu’à la rupture, puisque l’utilisation des bois en construction impose une connaissance précise, outre de la masse volumique (adéquation de l’essence face à la portance des connecteurs), du module d’élasticité (exprimé en MPa, il indique la capacité d’une planche à ne pas dépasser une certaine flèche à l’état limite de service) et de la contrainte à la rupture (exprimée en MPa, il représente la capacité d’une planche à résister à une charge lors de la vérification à l’état limite ultime). Une fois ces deux ensembles de caractéristiques connus – caractéristiques physiques et comportement mécaniques, il a été possible à Jean-Denis Lanvin, après avoir fait le choix de filtres judicieux pour le hêtre en matière de caractéristiques physiques, de les mettre en adéquation. Ce qui revient à classer d’après critères visuels les bois de structure de hêtre selon la résistance ! En réalité, un travail long et complexe ! «La campagne nationale pour connaître les forces et les faiblesses de cette essence pour une utilisation structurelle (charpente, lamellé collé, procédés de transformation industrielle du bois massif BMR, etc., …) et répondre au marquage CE», ainsi que le résume Jean-Denis, Lanvin, vient de franchir un seuil des plus importants. Pour le reste, place à l’imagination dans les territoires et les entreprises!
