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Bourgogne - Franche-Comté / Retour d’expériences sur l’utilisation de tracks synthétiques

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Préserver les sols et la mobilisation des bois sont des enjeux majeurs. Les évènements météorologiques étant aléatoires, l’objectif du projet Inofox tracks* a été de rechercher des équipements additionnels pour les engins à roues (porteurs principalement), afin d’augmenter leur plage d’utilisation quand les conditions de portance du sol se dégradent.

Différents constructeurs d’équipements forestiers européens proposent des semi-chenilles en matières synthétiques, encore appelées tracks. Ces semi-chenilles permettent d’équiper les engins traditionnels à roues (porteurs et machines de bûcheronnage) afin de diminuer leur impact au sol. Elles leur permettent ainsi de circuler sur piste, voire même sur route goudronnée, ce qui les différencie des tracks métalliques. Elles sont cependant plus onéreuses que ces dernières (1,5 à 2 fois plus chères).
Une tournée réalisée en Allemagne (octobre 2014) a permis de rencontrer des entreprises utilisatrices de ces nouveaux tracks (des marques Felasto Pur et Street Rubbers), afin de recueillir leur avis et d’apprécier la tenue de ces semi-chenilles dans la durée. Les résultats ont été présentés dans un premier rapport publié en décembre 2014. Il a ensuite été décidé de tester les tracks Raup F, de la société Felasto Pur, afin de vérifier leur efficacité et de définir leur limite d’utilisation, notamment pour l’exploitation de peuplements feuillus.
C’est ainsi que les établissements Denis d’Herbomez, à l’aide du conseil régional de Bourgogne, ont équipé en 2015 un porteur avec des tracks synthétiques et qu’un suivi a été réalisé par FCBA afin d’apprécier leur efficacité sur une année. Des tests complémentaires et des avis recueillis auprès d’autres utilisateurs en Bourgogne Franche-Comté ont permis de confirmer les résultats obtenus.

Les tracks Raup F testées chez Denis d’Herbomez

Les tracks Raup F possèdent un squelette métallique et les barrettes sont à base de polyuréthane Felastec et non pas de téflon. Le produit actuel existe depuis 2009 et est fabriqué par la société allemande Felasto Pur.
Il n’existe qu’un seul type de profil, mais différentes dimensions. La barrette dépasse de part et d’autre du pneu, ce qui augmente la portance :
- largeur de 750 mm pour un pneu de 600 mm, (soit +25%) pour une masse de 450-510 kg par track ;
- largeur de 870 mm pour un pneu de 700-710 mm, (soit +24%) pour une masse de 480-600 kg par track.
En 2015, les établissements Denis d’Herbomez ont équipé un porteur John Deere John Deere 1110E (8x8 en pneumatiques de 600 mm) de 4 tracks synthétiques Raup F. Le conducteur a consigné dans un carnet de suivi, mis au point par FCBA, les conditions d’utilisation des tracks sur les différents chantiers. Ces données ont été complétées par des observations de terrain effectuées par le personnel technique de FCBA, lors des visites de chantiers.
Le porteur a évolué en Bourgogne, principalement en Côte-d’Or et dans la Nièvre. Sur les 26 chantiers réalisés, 10 ont été réalisés (en partie) avec des tracks, soit 38% des chantiers (3 métalliques, 6 synthétiques et 1 combinaison des deux types de tracks). En nombre de jours, cette proportion est de 23%. Les tracks métalliques ont dû être préférées sur les coupes présentant de la pente, en raison du manque d’adhérence des tracks synthétiques. Ces dernières ont ainsi pu être utilisées à 7 reprises, majoritairement sur des chantiers feuillus. 57% des chantiers de débardage sont réalisés après bûcheronnage manuel et 43% après bûcheronnage mécanisé.
Sur 6 chantiers, la circulation a été faite sur des rémanents et sur terrain avec souches (hauteur moyenne des souches comprise entre 10 et 20 cm et diamètres de 10 à 30 cm).

Moindre scalpage des sols, maintenance plus aisée

Le premier enseignement de cette étude est que les tracks synthétiques impactent moins le sol que les pneumatiques (et la préservation des souches est meilleure par rapport aux tracks métalliques). Elles épousent aussi mieux la forme du terrain. Ces éléments ont été appréciés par les gestionnaires.
Ces tracks sont également plus souples et plus légères. Cette souplesse est appréciée par le conducteur en matière de confort (par rapport à des tracks métalliques) notamment pour le franchissement des souches. Leur relative légèreté facilite leur manipulation. Elles sont également moins bruyantes que leurs homologues métalliques.
Cette masse plus faible que les tracks métalliques permet leur transport dans une remorque (1 t/paire pour environ 1,5 t pour des tracks métalliques).
Troisième point, les tracks synthétiques sont faciles à installer et leur maintenance est plus simple que celle des tracks métalliques. Les tuiles sont en effet simplement boulonnées et se remplacent aisément.
Quatrième avantage, la possibilité de circuler sur piste et route forestière, en prenant toutefois des précautions. Cet élément est apprécié, tout comme la possibilité de transfert de la machine équipée de ses tracks sur porte-char. Son amarrage doit être réalisé avec soin pour éviter un éventuel ripage dans les virages.
Cependant dans les zones très boueuses, les tracks synthétiques (tout comme les métalliques) ramènent beaucoup de terre sur la piste, avec comme conséquence une obligation de nettoyage de cette dernière. Ceci peut être évité en aménageant des zones avec des rémanents ou en modifiant le parcours pour que la boue tombe des tracks avant que l’engin ne circule sur la piste.
Le manque d’adhérence est la principale limite d’utilisation de ces tracks. Elles sont donc à réserver exclusivement aux terrains plats. Diverses entreprises ont contourné ce handicap en combinant tracks métalliques et tracks synthétiques. Cette configuration permet d’être plus polyvalent, de limiter l’investissement mais ne permet plus de circuler sur piste et route forestière.

Des tracks également adaptées aux chantiers feuillus

La circulation sur rémanents (aussi bien sur coupes résineuses que feuillues) n’a posé aucune difficulté, ni le franchissement des souches. Il faut toutefois prendre la précaution de les franchir bien dans l’axe. En effet, il a été observé que les écrous latéraux pouvaient rentrer dans le pneu lorsque les tracks étaient «pincées» sur leur extrémité contre le bord d’une souche.
Aucune tuile n’a été changée au cours de l’année et seul un déchenillage a occasionné deux fentes sur les tracks, sans qu’il y ait eu nécessité de les remplacer. La surface de roulement ne présente pas de traces d’usure particulière.

Un intérêt réel sur les chantiers sans pente

Il ressort de la campagne de tests, confirmée par l’interview d’autres utilisateurs en Bourgogne Franche-Comté (Exploitation forestière morvandelle, entreprise Bregand, Sotraforest) que les tracks synthétiques Raup F présentent un intérêt réel pour la diminution des impacts au sol dans le contexte des forêts locales. De par leur profil très plat et de l’augmentation de la largeur (+25% par rapport à des pneumatiques en 600 mm), la pression au sol des engins est diminuée et le sol est moins scalpé qu’avec des pneumatiques. Elles permettent de travailler plus longtemps sur une coupe, mais si les conditions de portance se dégradent, le chantier devra être arrêté. Ces tracks préservent mieux les sols de l’orniérage que des tracks métalliques «marais», même si la différence n’est pas énorme. Cependant leur utilisation se limite, compte tenu de leur profil très plat, aux chantiers sans pente. Cet élément fondamental doit être pris en compte par l’entreprise avant d’acquérir ces tracks dont le coût est plus élevé que les tracks métalliques (prix de l’ordre de 14.000 euros pour une paire en 600 mm et environ 16.000 euros en 700 mm).
La circulation sur piste et route forestière est également appréciée, tout comme la possibilité de transfert de la machine sur porte-char équipé de ces tracks (en s’assurant du bon amarrage du porteur). C’est sur ce point principal qu’elles se différencient des tracks métalliques à tuiles larges (tracks couramment appelées «marais»). Il faut cependant prendre des précautions (mise en place de rémanents par exemple sur les passages boueux) pour éviter de ramener de la boue sur la piste et risquer de la détériorer.
Aucune usure particulière n’a été signalée par les utilisateurs et leur praticité est appréciée. La circulation sur rémanents (sur coupes résineuses ou feuillues) ne pose aucune difficulté. Le franchissement des souches non plus, si on prend la précaution de les franchir bien dans l’axe des roues. Leur souplesse est appréciée des conducteurs, ainsi que la réduction du bruit. Le temps de montage est similaire à celui des tracks métalliques. Le remplacement des tuiles est plus simple.

Philippe Ruch,
Ingénieur études et recherche
Xavier Montagny,
Technicien forestier
FCBA – pôle PTA

* Etude réalisée avec le soutien du conseil régional de Bourgogne, de Copacel et la participation des établissements Denis d’Herbomez.

Exploitation forestière

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