La vente feuillue de Beaune de la veille avait été bloquée et ajournée suite à la manifestation de mécontentement d’un groupe d’acheteurs face à la mise en œuvre du label «Transformation UE» porté par l’APECF (les premiers lots réservés aux acquéreurs «labellisés» ayant été proposés par l’ONF à cette vente). Aussi une légère tension animait-elle les représentants de l’ONF à la vente de Lure. Celle-ci s’est finalement déroulée sans encombre, et les directeurs commerciaux régionaux et de l’agence Nord Franche-Comté, François Pradal et Pierre Eimer, s’en félicitaient. Un apaisement que l’absence de profils de gros faiseurs en matière d’exploitation – et, potentiellement, d’export lointain – à cette vente qu’on peut qualifier de «vente de scieurs» explique certainement. Si 28 lots de bois d’œuvre de chêne avaient été placés en début de catalogue dès la préparation de celui-ci au début de l’été par mesure d’anticipation, ce n’est que l’avant-veille que le décret du Conseil d’Etat concernant la modification des règles d’adjudication de l’ONF avait dicté de les réserver effectivement aux acheteurs labellisés. «Nous avons accepté des offres d’acheteurs dont le dossier d’accréditation n’était pas encore finalisé mais qui se sont engagés par signature à régulariser leur situation à très court terme», a expliqué Pierre Eimer. «Ce dispositif provisoire sera encore en cours à la vente de Noidans (agence de Vesoul) puis disparaîtra», a-t-il expliqué. Il concernait 4 ou 5 acheteurs, qui s’étaient laissés prendre par le temps. Avec cette tolérance de petit délai, les 28 acheteurs de la vente de chêne étaient bien labellisés. Vente différente dans la règle mais tout à fait identique aux précédentes en matière de tendance ! Avec 8 offres par lot et 7% d’invendus en volume, l’adjudication de chêne sur pied a été active et s’est soldée par une progression des prix de l’ordre de 10%, selon l’analyse de Pierre Eirmer.
Le plus gros volume de la vente concernait le hêtre, dont le prix en bois d’œuvre a affiché une stabilité selon le directeur commercial de l’agence. Avec une grande variabilité dans le profil des lots (futaie affouagère, etc.), la tendance en hêtre englobait des disparités. Des acheteurs de fait se sont plaint de hausses de l’ordre de 15% : «Nous attendions un tassement, et cela reste très cher». Plus gros acheteur de la vente, Cenci évoquait une augmentation «insupportable», alors qu’il est impossible pour les scieurs de hêtre d’obtenir de hausse sur le prix des sciages, que des marchés d’Asie et du Maghreb marquent le pas, que les Roumains reviennent à la charge avec l’évolution de la parité euro-dollar. «Nous n’avons pas en hêtre pour nous refaire le négoce en tranchage, en merrain…», soulignait-il en outre. Affronter localement une situation de concurrence exacerbée avec ses confrères tout en faisant face à une pression des marchés a été le lot des scieurs de hêtre à Lure. Leur situation en tant que vendeurs de connexes n’est pas sous le meilleur jour en outre. Après analyse, Pierre Eimer annonçait une baisse du prix du bois de trituration et de chauffage de l’ordre de 10%. Le délaissement de coupes de bois d’industrie a marqué la vente, et le directeur commercial n’hésitait pas à parler de dégonflement de bulle. Ceci dit, la vente a été satisfaisante pour les vendeurs, et François Pradal et Pierre Eirmer se félicitaient de l’existence d’un pôle dynamique et diversifié de transformateurs en Franche-Comté et dans l’Est qui leur assure des débouchés et une certaine protection vis à vis des aléas du marché par rapport à des propriétaires de régions où les bois sont happés par des sites lointains et gigantesques, aux profils d’approvisionnements sans constance géographique.
Fabienne Tisserand
