2015 avait été une année médiocre pour l’épicéa des Ardennes. L’ONF n’avait vendu aux Mazures que 60% des volumes proposés, avec un fort taux d’invendus sur les bois à canter. La donne a manifestement changé, si l’on en juge par les indicateurs de la dernière vente des Mazures qui s’est déroulée le 19 avril dernier. L’ONF proposait 53.525 m3 de résineux dont 41.506 m3 d’épicéas en provenance de forêts communales. La ressource en domaniale qui passe par des contrats d’approvisionnement est traditionnellement absente du catalogue. A l’issue de la vente, l’ONF constate que la demande est de retour, avec seulement 11% d’invendus et 37.118 m3 d’épicéas écoulés à des prix relativement stables. Cette demande est surtout exprimée par les scieurs belges qui sont venus en voisins et semblent anticiper des problèmes d’approvisionnement dans leurs territoires. Fruytier Group s’est montré le plus vorace en mettant la main sur 24.000 m3 de bois. Le géant belge a déboursé près de 1,5 million d’euros !
En examinant les résultats à la loupe, on relève de fortes disparités en fonction des volumes unitaires moyens. Les petits bois d’éclaircie, inférieurs à 0,4 m3, n’ont pas eu beaucoup de succès. L’ONF n’a vendu que 50% des 4.153 m3 en catalogue, à des prix qui plongent par rapport à 2015 : 29 €/m3 sur écorce contre 42 €/m3 l’an dernier. Ces bois peuvent intéresser les industries de trituration, or on sait que les parcs à grumes sont actuellement bien garnis. Les industriels du Nord-Est ne manquent ni de travail, ni de ressource… Dans la catégorie supérieure, de 0,4 à 0,7 m3, la demande est plus présente – seulement 9% d’invendus sur un volume de 4 701 m3 –, mais les prix fléchissent. A 44 €/m3 sur écorce, le prix moyen perd 20% par rapport à l’an dernier.
Bois moyens et gros bois au même prix
La situation s’inverse pour les bois moyens qui alimentent les lignes à canter pour les marchés de la construction. La demande soutenue des scieurs belges limite les invendus et conforte les prix de 2015. Il fallait proposer en moyenne 59 €/m3 sur écorce pour les produits compris entre 0,7 et 1,3 m3, et 63 € pour les plus gros bois allant jusqu’à 1 ,7 m3. Dans cette catégorie, il ne reste quasiment rien, de même que pour l’offre de gros bois qui a été intégralement écoulée. Au-delà de 1,9 m3, toutefois, les prix de l’essence ne progressent plus. Ils plafonnent à 63 € pour les produits supérieurs à 2,2 m3. Ce sont d’ailleurs des bois de 1,8 m3 qui ont été négociés au prix le plus élevé. Le Belge Barthel Pauls a proposé 69 €/m3 sur écorce pour enlever 1.030 m3 d’épicéas en forêt communale de Haybes. Fruytier a quant à lui misé 305.000 € sur un seul lot de 5.000 m3 en forêt syndicale des Pothées. Ce fut le lot le plus cher de la vente.
A noter que quelques éclaircies de douglas, représentant 681 m3, sont restées dans le catalogue. Ces lots de faible quantité étaient peu attractifs pour les scieurs et exploitants présents. Les 4.629 m3 de pins ont connu un peu plus de succès. Les acheteurs ont préféré le pin sylvestre au pin noir. Les produits vendus l’ont été au prix moyen de 44 €/m3 sur écorce, contre 48 € en 2015.
De notre correspondant
Pascal Charoy
