Pour inscrire la construction bois de Nouvelle-Aquitaine dans la transition numérique, le technopôle Domolandes a accueilli, le 26 septembre, une rencontre riche en informations et échanges.
Croiser plusieurs approches, tisser des liens, des collaborations et sortir des projets qui associent numérique et construction bois», c’était l’objectif de la journée «Construction bois et numérique» défini par le directeur général de Domolandes, Hervé Noyon, qui l’accueillait à Saint-Geours-de-Maremne (40). Cette rencontre, coorganisée par le pôle de compétitivité Xylofutur, le cluster Odéys (1) et Domolandes, a réuni plus d’une quarantaine de participants très divers (architectes, concepteurs, constructeurs, technopôles, clusters, promoteurs, formateurs…).
Perfectionner la maquette numérique
La présentation d’un retour d’expérience sur la maquette numérique par Zaratiana Mandrara (pôle construction de FCBA) met en lumière les contraintes particulières du secteur de la rénovation. Sur un bâtiment R+3 à La Charité-sur-Loire, trois méthodes d’acquisition du bâtiment ont été testées en parallèle en faisant appel à des prestataires : scan 3D, photogrammétrie et drone, enfin station totale (théodolite tachéomètre). Cette récolte des données produit trois maquettes différentes. Or l’industrialisation de la construction demandait une précision de 5 mm, rappelle l’ingénieure FCBA. «Ce n’est pas l’outil qui est mauvais, mais l’analyse qu’on en fait.» Pour le même chantier, on a testé le flux d’informations entre conception, BET, etc. afin de sortir des modèles utilisables pour l’industrialisation, plans de fabrication et détails techniques. L’expérience a mis en évidence la nécessité d’arbitrages in situ et d’adaptations sur chantier. Au final, la précision obtenue est de 10 mm.
Parmi les perspectives évoquées par Zaratiana Mandrara, la mise en avant des nouvelles fonctions de l’enveloppe, car l’argument énergétique n’est pas suffisant ; la démarche d’économie circulaire ; l’évolutivité des systèmes constructifs – démontables et évolutifs – ; et la notion de traçabilité et de conservation des données.
L’esprit start up
Le constructeur de maisons individuelles Meison, implanté à Mios (33), développe une démarche «phygitale» selon la formule d’Arnauld Motte, ingénieur bois, qui associe internet et contact direct. Meison a digitalisé une offre de produits et de services, avec «l’ambition de vendre une maison sur internet en 2023». Actuellement, le configurateur Meison décline six modèles, permettant un choix et un prix. «Comme chez Ikea ou Leroy Merlin.» L’idée, c’est «construisons ensemble».
L’entreprise a fait le choix d’utiliser des services SAAS (2), «accessibles de partout et payables au mois» et de privilégier «les petits logiciels répondant à des besoins spécifiques » mais qui communiquent entre eux. Ils s’inscrivent dans le mode opératoire des start up du numérique. La PME régionale affiche «50% de ventes supplémentaires entre 2018 et 2019», souligne Arnauld Motte. Et les bons résultats des enquêtes de satisfaction motivent les équipes en interne.
La jeune société Corner, finaliste du dernier Concours national de la création d’entreprises construction durable organisé chaque année par Domolandes, développe des systèmes constructifs modulaires optimisés : «Un véritable jeu de construction grandeur nature qui permet de réaliser en un temps record des bâtiments en bois de haute qualité architecturale et environne environnementale ». Cofondateur, Guillaume Largillier, qui vient du monde des start up, définit Corner comme «une plateforme numérique pour construire mieux, plus vite, plus simplement». Pour lui, le BIM, conçu par des bétonneurs, est du «soin palliatif». Il propose «une thérapie de choc», à base de composants standardisés sur une trame de 40 cm qui se combinent à l’infini et ne nécessitent pas de transport exceptionnel, un procédé d’assemblage qui «atomise le chantier», une application conviviale pour estimer le coût dès le début et une communauté de constructeurs locaux pour la fabrication […]
(1) Cluster construction et aménagement durables de la région Nouvelle-Aquitaine né de la fusion entre le Cluster Eco-habitat (Limousin-Poitou-Charentes) et le pôle CREAHd (Aquitaine).
(2) Software as a service.
Photo : Hervé Noyon, directeur général de Domolandes a accueilli les participants avec ses coorganisateurs, Apolline Oswald, chef de projet bois matériau au pôle de compétitivité Xylofutur, et Benjamin Leroux, référent 40 – 64 du cluster Odéys.
