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À Bordeaux, la tour Hypérion est sortie de terre

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Eiffage (1) n’a pas attendu la pose officielle de la première planche de la tour Hypérion (2) pour commencer les travaux de ce bâtiment emblématique de 16 étages en structure bois qui va dominer le nouveau quartier Euratlantique, à Bordeaux. Inauguration programmée en 2021.


L’intérêt des majors de la construction pour le bois témoigne des atouts de ce matériau. Eiffage fait d’Hypérion, à ce jour plus haute tour d’habitation en France, le symbole de son engagement dans la filière sèche et de sa stratégie bas carbone qui conjugue réduction des émissions de gaz à effet de serre et recours aux matériaux biosourcés. Hypérion a reçu le label Bâtiment bas carbone (BBCA) qui vise la division par deux de l’empreinte carbone des bâtiments neufs. «Reconnu Démonstrateur industriel de ville durable par l’Etat, le projet a bénéficié d’un financement de l’Ademe au titre du programme Investir l’avenir», souligne le constructeur.

Vitrine du bois en structure

Le groupe Eiffage rappelle que le bois lui a permis de réaliser une trentaine d’opérations ces dernières années. La tour Hypérion – qui n’est qu’un élément d’un ensemble – associe le béton et le bois : socle en béton sur les trois premiers niveaux, noyau en béton qui intègre les ascenseurs et les escaliers et structure bois avec poutres en bois lamellé-collé, planchers de 200 mm en CLT (3) fournis par Piveteau et murs à ossature bois Hyper-mob développés sous Atex de catégorie A. Au total 1.500 pièces de bois, «toutes issues de productions forestières et industrielles régionales» et certifiées PEFC, insiste Eiffage, qui annonce la mise en place d’une «étiquette de provenance forestière, permettant d’établir la traçabilité des bois, de la forêt au chantier».


Cet «enracinement régional» a été voulu dès l’AMI (4). Il a été accompagné par FCBA, en particulier l’équipe de Patrick Molinié et Nadège Picard «qui nous a aidés à passer d’une utopie à une réalité», a souligné Stéphan de Faÿ. La région Nouvelle-Aquitaine, a rappelé le DG d’Euratlantique, est «un gisement phénoménal en matière de bois et de multiplication d’essences». Le bois local, mis en avant, c’est majoritairement le douglas, de Haute-Corrèze en particulier, qui a su répondre aux attentes, face à un pin des Landes aux outils industriels «pas encore entièrement mûrs». Seules les sous- faces des balcons, protégées, afficheront le bois, dont le choix de la coloration a fait l’objet de tests. Christian Birbaud, directeur régional d’Eiffage construction Sud-Ouest, précise que ce virage du groupe vers le bois et la filière sèche passe notamment par «la requalification de collaborateurs béton en charpentiers poseurs». Et, cerise sur le gâteau, les acheteurs semblent n’avoir aucune réticence par rapport au bois.


Sur une trame à 1,20 m

Hypérion, dont Le Bois International a suivi le parcours depuis le concours international d’architectes remporté en 2016 par Eiffage immobilier et l’agence Viguier architecture, se distingue aussi par sa technicité et par sa conception en BIM.

Jean-Paul Viguier, architecte, et Christian Charon, architecte associé, rappellent que c’est une première en France. Son enjeu est aussi de démontrer que ce type de bâtiment est possible car il multiplie les atouts, chantier propre et préfabrication, en particulier. Le projet est rythmé selon une trame d’1,20 m (5). Pour autant, cette trame n’a pas bridé la créativité. «D’habitude, nous ne réfléchissons pas trop à la trame. Mais en projet bois, cela devient un élément principal» insistent les architectes. «Demain, cela doit diriger nos études dès le premier coup de crayon».

La construction est industrialisée, avec des balcons de 1,80 m rapportés sur les parois. Ils arrivent d’usine «finis, menuiseries posées». Les plaques de CLT sont au gabarit routier. «En 4 levers de grue, on a fini un volume», résume Christian Birbaud. Ainsi, les délais sont réduits de moitié et, fin avril, la tour atteindra le 16e étage. Il a fallu beaucoup travailler sur la mixité de l’ossature, ce qui a nécessité le développement d’Atex. Les planchers bois sont repris par des poutres bois et en façade des poteaux en acier.


Le chiffre de 2.200 euros HT le m2 a été évoqué par Jean-Paul Viguier qui tempère : «Tant que la filière industrielle n’existe pas, le bois n’est pas compétitif». Ce que l’on voit aujourd’hui, ce sont les prototypes de façade, de plancher et de balcon. Ensuite, la tour va s’édifier et les balcons viendront plus tard. Pour «susciter le désir», les derniers étages seront dotés de balcons différents, plus larges et en porte-à- faux.


Le projet Hypérion est emblématique de la volonté d’Euratlantique de décarboner la construction, de favoriser un type de chantier sec et plus rapide, de construire «en bois local transformé localement» pour remettre de l’emploi dans les territoires. Depuis 2015, l’EPA s’est engagé sur un volume de 25.000 m2 par an de construction bois. À partir de 2019, «100% des nouveaux projets Euratlantique» obéiront à cette règle du bois local transformé localement, a annoncé Stéphane de Faÿ. Cela s’inscrit dans une bascule progressive vers les matériaux biosourcés.


(1) Le groupe Eiffage, ce sont plus de 70.400 collaborateurs et un chiffre d’affaires 2018 de 16,6 milliards d’euros, dont près de 26% à l’international.

(2) Hypérion est un séquoia de Californie du Nord, le plus grand arbre du monde.

(3) Cross Laminated Timber.

(4) Appel à manifestation d’intérêt.

(5) En lien avec la norme handicapés.

Photo : Hypérion sort de terre : le 16e étage sera atteint au premier trimestre 2020.

Construction bois

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